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La vie d’un animateur : le temps et ses distractions par Cordell Barker

La vie d’un animateur : le temps et ses distractions par Cordell Barker

La vie d’un animateur : le temps et ses distractions par Cordell Barker

*Ce texte est une traduction d’un billet signé par le cinéaste d’animation Cordell Barker

J’ai une conscience aiguë du temps. Je passe mon temps à chronométrer des actions puis à les multiplier par le nombre de répétitions pour trouver la moyenne et calculer le résultat final. En particulier lorsque j’ai peu de temps. Je suis présentement à Montréal et je me dépêche de terminer toutes mes animations image par image avant le 4 décembre, date de la fin de mon séjour de six semaines.

Je pense être une personne très motivée. Tous les animateurs doivent l’être. Mes films représentent toujours des défis épuisants, mais je m’acharne à les faire. Les gens de mon entourage profitent de leurs soirées et de leurs fins de semaine : ils s’assoient au soleil, mangent, se promènent, mangent à nouveau… Mon voisin est particulièrement sociable et organise régulièrement des soirées conviviales. Il me salue depuis sa terrasse et me regarde passer mes fins de soirée et mes fins de semaine sur mon patio, à assembler de petits accessoires. Récemment, je collais des petits morceaux de papier à d’autres morceaux auxquels étaient attachées des cordes de piano, puis j’ai recommencé 239 fois d’affilée (en chronométrant le processus chaque fois). C’est dans ces moments-là que je me demande ce que je fais. C’est un peu ridicule et plutôt antisocial.

Le temps est une devise que je semble vouloir consacrer à mon égo.

Pour survivre au processus, je dois être capable de supprimer cette conscience aiguë du temps.

Pour ce faire, je pratique le tennis, que je considère comme étant l’une des meilleures distractions. C’est un peu comme un chien qui cherche son os. Pendant ces moments, je ne vois que l’os. Tout le reste disparaît. Le sang se met à circuler plus vite dans mes veines et élimine le stress en prime. Je ne pourrais pas jouer au golf. Cela se limiterait à une promenade dans les bois à chercher ma balle, penser à mes films et aux échéances imminentes.

Une autre distraction importante pour moi est le banjo. J’adore en jouer. J’adore même son apparence. Et c’est un instrument lourd! On pourrait probablement tuer un bœuf avec un banjo. Je travaille pendant une heure, puis je prends mon banjo et je joue « Old Aunt Jenny With Her Night Cap On », ou ma préférée « Little Sadie », puis je me remets au travail. Le banjo a un côté très terre-à-terre. Tout comme le simple fait de jouer de la musique. J’ai une approche musicale aux films : j’ai toujours conscience du  rythme et du tempo de l’histoire et de l’action. Même pour les passages sans musique. En somme, faire de la musique, c’est comme jouer au tennis : c’est un moyen d’échapper à la conscience du temps et à mon film.

À l’époque où je construisais mon voilier (j’ai construit un voilier en bois de 18 pieds au milieu des années 90; un doris de Swampscott, pour être précis), j’étais dépassé par le volume de travail que cela représentait. À l’époque, je travaillais également sur mon deuxième film, Tombé du ciel. Je faisais également beaucoup de publicités pour une campagne de Bell qui a duré deux ans et demi, et je participais aussi à l’éducation de 3 petits garçons.

Je me suis demandé pourquoi j’ajoutais ce fardeau supplémentaire (le bateau, pas les enfants), puisque je n’avais absolument aucun temps libre. À l’époque, j’adorais tout ce qui concernait les voiliers et je me souviens d’avoir lu une histoire dans un magazine spécialisé à propos d’un gars du Midwest américain, habitant à 1 600 km de la mer, qui construisait un voilier traditionnel en bois pour la haute mer. C’était énorme. Il y travaillait depuis 20 ans et en avait encore pour plusieurs années. Quand on lui a demandé pourquoi il s’était attelé à une telle entreprise, il a répondu : « J’imagine que j’aurais pu passer ces 20 années à ne pas construire ce voilier. »

Cette réponse m’a marqué. On ne peut pas arrêter le temps. Il me rattrapera toujours ou il s’arrêtera et m’attendra, je ne sais pas trop comment ça marche. Mais je veux employer ma vie à faire plus que des bons scores à des jeux vidéo. C’est encore une question d’égo.

Je sais d’expérience que lorsque ce film sera terminé, s’il s’avère réussi, le temps ralentira pendant un moment, et je pourrai en profiter. Ne serait-ce qu’un instant…

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  1. Merci de votre partage sur votre rapport avec le temps. Je l’ai trouvé très intéressant. Je suis artiste-peintre/dessinateur et je m’intéresse pas mal au cinéma d’animation et cinema/video d’art et expérimental, PHOTO Macro (SMALL is Beautiful), et je joue un peu de musique (violon et autres) … QUAND JE TROUVE L’ÉNERGIE ET LE TEMPS. En fait, je trouve rarement le temps. J’ai un GROS PROBLEME avec le temps: je suis très dispersée, je m’intéresse à trop de choses, je veux tout savoir, comprendre (ce qui se passe sur cette planète). Ça me rend littéralement malade et épuisée… Je sais que je dois apprendre à LACHER PRISE et me conCENTREr SEULEment sur mes objectifs les plus importants. Je ne peux pas changer le monde. Je peux juste faire de mon mieux pour réaliser des iMAGES SIGNES_ificatives aussi belles et vraies que je le peux, Un Jour à la fois/une image à la fois. Puis les partager/EXPOser au monde. Développer les talents que Dieu m’a DONnés pour apporter un peu d’HARMONIE de de BEAUTÉ dans ce monde chaotique/pollué/malade. FOCUSer sur le BEAU.
    J’ai réalisé 2-3 petites animations et 1 vidéo d’art expérimental et j’ai beaucoup d’idées pour en réaliser d’autres. Mais j’ai encore beaucoup de difficulté à GERER mon temps et mes énergies. Je prie DIEU de m’aider à GERER ma vie/UN JOUR A LA FOIS-mes films/UNE IMAGE À LA FOIS. Votre partage sincère m’encourage: je ne suis pas la seule à manquer de temps: on est pas mal tous dans le même bateau en cette époque de surINFOrmation. Merci encore une fois. Bonne continuation RELAXE dans vos projets d’animation et autres.

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