3 films à regarder avant les élections municipales
À la veille des élections municipales au Québec, voici quelques films de la collection ONF qui pourraient vous faire sourire.
Circulation à Montréal – 1re et 2e partie
Circulation à Montréal (1re partie) par Bernard Devlin, Office national du film du Canada
Réalisé par Bernard Devlin au milieu des années 1950 pour la série Sur le vif, Circulation à Montréal est un reportage séparé en 2 courts métrages sur les problèmes de circulation automobile de la ville, sous l’ère Jean Drapeau. Ce film comporte une interview avec le maire, à l’époque où Montréal était encore la métropole du pays, ainsi qu’avec son directeur adjoint du service d’urbanisme et surintendant de la division du plan directeur, un certain Monsieur Campeau.
Animé par Gilles Laroche, le reportage ne fait aucune de mention d’enveloppes brunes ou de corruption. En 1955, le problème numéro un est la circulation. En gros, on craint que le nombre croissant de bouchons automobiles représente un « risque de congestion économique très important » pour la ville, un facteur qui pourrait « coûter à Montréal son statut de métropole du Canada » et affecter, par le fait même, son industrie touristique.
Parmi les solutions apportées, on y va des plus sérieuses aux plus loufoques. Dès la première scène, un chauffeur de taxi propose l’élimination des trottoirs « pour faire place à plus de voies de circulation » et la construction d’un stationnement en hauteur dans l’édifice de la SunLife.
Plus sérieusement, le maire et son directeur adjoint proposent 3 types de solutions :
Celles qui ne coûtent rien :
– Multiplication des rues à sens unique
– Meilleure réglementation du stationnement
(Il faut croire qu’un certain maire du Plateau n’a rien inventé…)
Celles qui coûtent peu :
– Synchronisation des feux de circulation
– Élargissement des rues à des intersections données pour une amélioration locale des problèmes de congestion
Et les projets d’envergure :
– Construction d’un nouveau pont qui enjambe la rivière des Prairies, entre Laval et Montréal
– Aménagement de l’autoroute Métropolitaine sur l’axe est-ouest
Le maire Jean Drapeau mentionne également l’importance de regarder le problème dans son ensemble, plutôt que localement, et d’« essayer de prévenir ceux qui pourraient se produire dans 10, 20 ou même 30 ans ». Un maire qui a une vision à long terme? C’est plutôt rafraîchissant.
Circulation à Montréal (2e partie) par Bernard Devlin, Office national du film du Canada
Dans la seconde partie du reportage, le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, M. Pierre DesMarais, fait également référence au plan d’ensemble, « nécessaire pour supprimer la congestion sur les grandes artères au lieu de la déplacer ». Il est alors question d’une autostrade qui ferait toute la largeur de l’île, de Dorval jusque dans l’est de la ville, et qui redescendrait le long du Fleuve St-Laurent vers le centre-ville. Si ce projet n’a jamais été porté à terme, il est intéressant de voir qu’elles étaient les idées entretenues à l’époque. De celles-ci est quand même née l’autoroute Métropolitaine, un tronçon officiel de l’autoroute Transcanadienne.
Un hélico pour chaque famille
Une autre idée, beaucoup plus « radicale », comme le soutient le reporter, est celle d’éliminer complètement les automobiles. On aurait alors recours à la circulation aérienne et chaque famille aurait droit à son propre « auto-hélicoptère ». Heu… wow! Le prochain candidat qui ramène cette idée sur la table gagne mon vote. Dans le film, un membre de la direction de Pratt et Whitney Aircraft avance même la solution d’hélicoptères qui « pourraient servir d’autobus aux familles qui s’éloignent pour aller s’installer en banlieue ». Retour vers le futur, dites-vous?
Et comment prévoyait-on financer tous ces beaux projets? Avec des subventions des gouvernements provinciaux et fédéraux, bien sûr, mais également en augmentant le coût des licences automobiles de… attention… 10 $. Ce qu’il faisait bon vivre dans les années 1950!
Denis Coderre et la boxe
L’un des candidats à la mairie de Montréal (Denis Coderre, pour ne pas le nommer) se retrouve dans un film fort intéressant signé Jacques Godbout : Les héritiers du mouton noir (2003). Suite du documentaire Les moutons noirs (1992) sur l’après-Meech, ce film politique brosse le portrait d’une société québécoise en mutation au lendemain des 2 référendums. À travers les réflexions de 5 politiciens, Godbout procède à un rappel historique des événements qui se sont inscrits dans le sillage de la Révolution tranquille, pose la question de l’avenir du Québec, soulignant la soif de changement des Québécois et l’émergence de nouvelles valeurs.
Les héritiers du mouton noir par Jacques Godbout, Office national du film du Canada
En plus du cinéaste Denys Arcand et des anciens Premiers ministres du Québec Robert Bourassa et Jean Charest, on retrouve dans ce film les politiciens Mario Dumont, Michel Bissonnette, Jean-François Simard, Joseph Facal et, bien entendu, Denis Coderre, ancien ministre libéral et actuel candidat à la mairie de Montréal.
On peut voir ce dernier s’adonner à son sport préféré (on avance rapidement le film à 59:58) : la boxe, qu’il compare à « de la politique à l’état pur ». On apprend également qu’il a déjà été président des Jeunes Libéraux du Québec (je ne le savais pas), et on le voit serrer des mains et s’adresser aux résidents de son ancienne circonscription électorale, Bourassa, en 3 langues : français, italien et créole, rien de moins!
Sur ce, je vous invite à aller voter en grand nombre le 3 novembre prochain, si ce n’est pas déjà fait. Le futur de votre ville dépend de vous.