Retour sur le FFM
Le 35e Festival des Films du Monde de Montréal a pris fin hier soir sous les caprices de la tempête Irene. Le cyclone est une belle métaphore, puisque nous nous sommes justement sentis comme dans un grand tourbillon de films au cours des 10 derniers jours.
Avec une programmation de 383 films de plus de 70 pays, dont 51 premières nord-américaines, il a été difficile de garder son sang froid lorsque venait le temps de faire sa sélection. Le critique de cinéma Marcel Jean a bien décrit la situation dans le blogue du 24 images la semaine dernière : « 230 longs métrages en 10 jours, c’est énorme! On peut sans craindre affirmer que c’est trop, beaucoup trop. » Bien d’accord.
Et pour ne pas vous submerger davantage, je vais vous parler seulement de mes coups de cœur dans ce compte-rendu sans prétention du festival.
Histoire de famille japonaise
Tourné en partie à Tokyo et dans la péninsule d’Izu, Waga Hana No Ki (Chronique de ma mère) raconte l’histoire d’une vieille femme qui sombre peu à peu dans la sénilité, alors que sa famille l’accompagne solidairement dans les derniers jours de sa vie. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle essaie de se rattacher à des souvenirs de plus en plus flous de son fils et d’un amour maternel qu’elle n’a jamais su lui exprimer, en raison de leur histoire familiale compliquée. On assiste à une histoire d’amour et de réconciliation avec le passé, adaptée d’une œuvre autobiographique de l’écrivain japonais Yasushi Inoue (1907-1991).
Le réalisateur japonais Masato Harada ne pouvait pas être à Montréal pour présenter son film, lequel se trouvait en compétition officielle. Il a tout de même fait parvenir une lettre, lue par le monteur Eugene Harada samedi soir au Théâtre Maisonneuve, dans laquelle il raconte le contexte de tournage de ce dernier opus. Il explique entre autres comment il a réussi « par miracle » à capter les 4 saisons du Japon en seulement 6 semaines de tournage – un tournage qui s’est terminé un jour avant le tsunami qui a ravagé le Japon en mars dernier – et avoue que le montage s’est fait dans des « conditions de Deuxième Guerre mondiale ». Le cinéaste affirme aussi que cette œuvre deviendra probablement le « film le plus important de (sa) carrière » avec le temps.
D’une grande beauté cinématographique et empreint de poésie, ce film s’est vu mériter le Grand Prix spécial du jury du FFM.
L’amour avec un grand A
J’étais heureuse de retrouver le cinéaste Claude Lelouch en grande forme, physique et cinématographique, vendredi soir alors qu’il était de passage à Montréal pour présenter Ces amours-là (2010), une histoire d’amour du temps de la Seconde Guerre mondiale.
Sorti en France en 2010, je ne sais pas trop pourquoi le film n’avait jamais été présenté de côté-ci de l’Atlantique. Il a pourtant été très bien accueilli par le public français à sa sortie. Après 43 films en carrière, des bons et des moins bons, mais surtout des histoires de cœur, Lelouch nous offre ici ce qu’il caractérise de « film synthèse », dans lequel il nous raconte « l’histoire d’amour de toutes les histoires d’amour ».
Difficile de ne pas tomber, justement, en amour avec ce film, qui est construit à partir d’histoires réelles vécues par l’entourage du cinéaste. Le récit est celui du destin flamboyant d’une femme, Ilva (Audrey Dana), qui, sa vie durant, a placé ses amours au-dessus de tout et qui se les remémore au rythme d’un orchestre symphonique. Dans cette fresque romanesque, elle incarne tout le courage et les contradictions d’une femme libre. Elle dira même à un de ses amants, un soldat allemand : « Toi, tu trompes ta femme. Moi, c’est la France au complet que je trompe. »
http://www.youtube.com/watch?v=3FSz_GG7bRQ
La romantique en moi avait le regard brillant du début jusqu’à la fin. Un film à voir (ou à louer) si vous en avez la chance.
Et les Chinoises?
Le documentaire On me prend pour une Chinoise! de Nicole Giguère, une production de l’ONF, a beaucoup fait jaser pendant le festival. La réalisatrice et ses 5 héroïnes, Alice, Léa, Julia, Anne et Flavie, ont été invitées à faire la tournée des médias la semaine dernière et pour cause. Comme le souligne Nathalie Petrowski dans son texte Elles étaient cinq… Chinoises, c’est la première fois qu’un film traite du sujet de l’adoption du point de vue des enfants et non de celui des parents qui adoptent.
Ce documentaire porte sur l’adolescence de cinq jeunes filles d’origine chinoise adoptées par des familles québécoises dans les années 1990. Pendant trois ans, la réalisatrice a suivi ces adolescentes tout au long de leur parcours vers l’âge adulte; elle a même accompagné certaines d’entre elles dans leur périple en Chine.