Vendredi cinéma : Pas de deux
Collaboration spéciale de Michael Fukushima.
Pas de deux n’est pas le premier film de Norman McLaren que j’ai eu l’occasion de voir. Et ce n’est pas non plus LE film qui m’a poussé vers la carrière d’animateur. Mais lorsque je l’ai finalement vu… lorsque j’ai réalisé ce que pouvait être l’animation et comment elle pouvait être compatible avec mes propres passions, j’ai eu une illumination aussi surprenante que subite. Ce chef d’œuvre m’a révélé toute la diversité et le potentiel de l’animation.
Dans Pas de deux, l’animation est technologie, art, beauté, finesse. J’ai alors su que l’animation stimulerait mon côté accro d’informatique, favoriserait l’épanouissement de l’artiste en moi et m’offrirait une toile sur laquelle je pouvais m’exprimer sans aucune limite. Pas de deux était le marteau du modernisme avec lequel je pouvais fracasser les conventions de ce qui m’avait été enseigné en animation.
Il y a un peu de tout dans les innombrables paraphrases et hommages que suscite le film. J’aime les riffs ironiques et post-modernes comme dans le Pas de deux de deux de Paul Bush. Par contre, je me suis rapidement lassé des nombreux pastiches qu’en ont faits les réalisateurs de vidéoclips et de messages publicitaires. Toutefois, le fait que les techniques appliquées par McLaren dans Pas de deux fassent désormais partie intégrante de la palette des cinéastes témoigne en soi du génie de l’artiste.
Cela fait maintenant bien longtemps que je ne suis plus cinéaste d’animation, mais je peux dire que Pas de deux a clairement influencé mes choix, mes comportements ainsi que les films et les cinéastes qui exercent sur moi un attrait inexorable en tant que producteur et en tant que spectateur.
Pas de deux, Norman McLaren, offert par l’Office national du film du Canada