La Couronne cherche-t-elle à nous faire la guerre ? | Solidarité et responsabilité autochtones envers les générations futures
Le présent texte s’inscrit dans une série de billets de blogue portant sur des productions de l’ONF susceptibles d’aider les spectateurs à repenser les relations qu’entretient le gouvernement canadien avec les Premières Nations, lesquelles luttent depuis longtemps pour défendre les droits qu’elles ont obtenus au moyen de traités ou devant les tribunaux. Ces quatre productions de l’ONF offrent au personnel enseignant et aux élèves l’occasion d’en apprendre davantage sur les conséquences de la colonisation sur quatre communautés des Premières Nations dont les histoires sont portées à l’écran par des cinéastes autochtones. Chaque production aborde une grande préoccupation des Premières Nations.
Le documentaire d’Alanis Obomsawin intitulé La Couronne cherche-t-elle à nous faire la guerre ? (2002) met en évidence les responsabilités des communautés d’aujourd’hui à l’endroit des générations futures.
La Couronne cherche-t-elle à nous faire la guerre?, Alanis Obomsawin, offert par l’Office national du film du Canada
Voici des questions à discuter avant de regarder le film.
- Comment l’État canadien a-t-il répondu aux revendications territoriales et aux besoins vitaux des Premières Nations ?
- Comment la communauté de la Première Nation de Burnt Church voit-elle ses responsabilités à l’égard des générations futures ?
« Si nous ne faisons rien, nous serons en paix, mais ce sera au prix de notre mort spirituelle et physique. » — extrait tiré du film
En 1993, le Mi’kmaq Donald Marshall Jr. conteste la loi interdisant aux Mi’kmaqs de pêcher sans permis. Six ans plus tard, la Cour suprême du Canada rend finalement sa décision et reconnaît les droits de pêche ancestraux des Mi’kmaqs tels qu’ils figurent dans les traités signés en 1752 et en 1761.
En 2000, cédant sous la pression de pêcheurs non autochtones du Nouveau-Brunswick, le gouvernement fédéral, dirigé par le premier ministre Jean Chrétien, et le ministre des Pêches et Océans Herb Dhaliwal font abstraction de ces droits et défendent aux Mi’kmaqs de pêcher.
La Couronne cherche-t-elle à nous faire la guerre ? explore en détail ce qu’il est convenu d’appeler la « crise de Burnt Church », y compris l’histoire de la lutte livrée par la Première Nation de Burnt Church, l’une des 4 communautés mi’kmaqs sur 35 qui ont refusé de renoncer à leurs droits en échange de paiements du gouvernement fédéral. Traitant d’événements qui remontent aussi loin qu’au 16e siècle, le film offre au personnel enseignant et aux élèves de précieux renseignements sur l’histoire des premiers contacts entre les Européens et les Autochtones. Les remarquables séquences filmées illustrent aussi jusqu’où le gouvernement est allé pour détruire ou confisquer les casiers à homards des pêcheurs mi’kmaqs, alors qu’ils exerçaient leurs droits reconnus par la Cour suprême (le gouvernement fédéral a dépensé 50 millions de dollars en une seule année pour livrer bataille aux Mi’kmaqs appauvris de la baie de Miramichi).
Les pratiques de protection de la nature auxquelles s’adonnent les Mi’kmaqs comprennent la création des gardes esgenoopetitj, qui gèrent et protègent leurs pêches 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Ce plan de gestion s’oppose diamétralement à la surpêche autorisée et favorisée par le ministère des Pêches et des Océans (MPO) au profit des pêcheurs commerciaux et non autochtones.
Les violences commises par le MPO ont déclenché un mouvement de solidarité auquel ont pris part d’éminents chefs autochtones au Canada et aux États-Unis qui ont soutenu et encouragé la résistance.
Les Mi’kmaqs ont mené une lutte nécessaire pour établir des droits déjà consentis, mais qu’il leur fallait maintenir dans l’intérêt de leurs enfants et pour protéger leur droit à l’autodétermination. Le personnel enseignant profitera de la leçon d’histoire que procure ce documentaire, qui révèle également comment la Loi sur les Indiens a créé les controversés conseils de bande pour refléter les systèmes de gouvernance européens.
Approfondir
- Les actes de solidarité ont été importants pour les trois grandes luttes de résistance. Quel rôle la solidarité joue-t-elle parmi les peuples autochtones au Canada et en Amérique du Nord ? Y a-t-il eu d’autres luttes décisives livrées ailleurs ?
Le thème du solidarité et responsabilité autochtones envers les générations futures est aussi au cœur des trois autres productions examinées dans cette série de billets :
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D’ascendance maternelle métisse et crie, Carol Arnold a grandi dans la communauté métisse de Lac Ste. Anne, qu’on appelle également Manito-Sakahigan. Elle enseigne depuis plus de 30 ans en Alberta et en Colombie-Britannique, dans plusieurs domaines : études sociales, anglais, premiers peuples de la Colombie-Britannique. Bien que Carol Arnold se consacre à temps plein à l’enseignement, elle participe à l’élaboration et à l’animation d’ateliers d’éducation autochtone destinés au personnel enseignant dans le cadre de ses activités au sein de la Fédération des enseignantes et des enseignants de la Colombie-Britannique. Elle aime intégrer les productions de l’ONF à ses cours et estime que son catalogue de films autochtones contient d’excellentes images d’archives et qu’il renseigne sur l’actualité canadienne et internationale.
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