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Animation et éducation aux médias

Animation et éducation aux médias

Animation et éducation aux médias

Multiples choix médiatiques

On sait que le quotidien des élèves baigne dans les textes médiatiques. Cette surabondance de choix médiatiques à portée de main est proposée à un rythme qui semble valoriser davantage la surconsommation que l’assimilation pure et simple du contenu. En tant qu’enseignants et enseignantes, nous nous demandons comment offrir des choix plus sains à l’appétit des élèves en matière d’éducation aux médias afin qu’ils puissent s’inscrire judicieusement dans le paysage médiatique saturé et en perpétuel changement.

Fusion animée

Un programme alliant éducation aux médias et animation est une combinaison presque parfaite pour déconstruire les textes médiatiques tout en diversifiant les occasions offertes aux élèves de communiquer ce qu’ils ont appris et de participer au processus de création. L’animation ne relève pas d’un style ou d’une formule spécifique; elle présente plutôt le même niveau de possibilités multimodales que les téléphones intelligents dernier cri qu’on trouve dans les poches de nombreux élèves. Les cinq films de l’ONF sélectionnés pour le présent billet montrent la diversité des modes d’expression présente dans les textes animés et fournissent aussi un cadre pour intégrer l’animation à une variété de programmes d’études. Les lecteurs doivent être conscients que ces films sont de puissants exemples de la façon dont des textes illustrés et stylisés peuvent rapidement se muer en représentations hautement symboliques d’importants enjeux de société. À première vue, l’animation est une forme médiatique accessible qui, toutefois, nécessite souvent l’aide de pédagogues pour déceler les messages cachés dans les éléments visuels hautement captivants.

Feinter pour s’infiltrer dans les textes médiatiques

Le fabuleux calendrier – Hothouse 12, Meky Ottawa, provided by the National Film Board of Canada

Le fabuleux calendrier semble être un film stylistique amusant qui ridiculise gentiment celles et ceux d’entre nous qui aiment mieux rester à la maison pour regarder Netflix que quitter à contrecœur le confort du foyer pour participer à des activités sociales. Plongez dans le film une deuxième fois (rien de plus facile avec les courts métrages d’animation) et vous verrez facilement que l’artiste autochtone Meky Ottawa s’intéresse à l’oscillation entre deux désirs : être authentique et utiliser la technologie pour donner une fausse image de soi afin de répondre aux attentes sociales. Ce dernier film de la collection produite dans le cadre de la 12e édition du stage de formation Hothouse est une occasion intéressante pour les élèves de la 1re à la 5e secondaire (de la 9e à la 12e année) de discuter de ce qu’il y a de « factice » dans les médias et de la façon dont, selon le point de vue où l’on se place, il y a des moments où il semble socialement acceptable de falsifier les faits pour se protéger soi-même. En trouvant les petits riens du film, comme l’adaptation du pointeur de la souris et l’énoncé clairement affiché dans le ciel à la fin, vous en saurez long sur les convictions de l’artiste relativement aux normes sociales et au pouvoir subtil (et moins subtil) des images.

Parlons technique

À titre d’enseignant, je conçois mes leçons en partant du principe que les compétences médiatiques jouent un rôle fondamental dans la motivation des élèves à apprendre, quelle que soit la matière. La composition de textes médiatiques au moyen d’une variété de lignes, de formes, de couleurs, de tailles et de textes constitue un excellent instrument pour chercher à comprendre; nous (personnel enseignant et élèves) devons en être conscients à tout moment. Je suis ici, d’Eoin Duffy, est une incroyable exploration du lien entre les différentes formes de textes médiatiques, les conventions qui les régissent et leur rôle dans la création de sens pour l’auditoire. Eoin Duffy invite le public à un voyage dans le temps au moyen d’un canevas minimaliste d’images stylisées qui raconte une histoire de profond désespoir.

Je suis ici, Eoin Duffy, provided by the National Film Board of Canada

Après avoir regardé le film, on est frappé de constater comment des changements de cadrage, une trame musicale adaptée et une voix chargée d’émotion permettent de donner vie à de simples formes géométriques. Les enseignants sont ainsi amenés à passer du temps avec les élèves pour déconstruire le langage de la conception et l’importance de la composition dans la tonalité générale des textes que nous créons et que nous consommons. Même si les thèmes abordés dans ce texte-ci sont peut-être un peu trop profonds pour que les plus jeunes les comprennent vraiment, les élèves de 6e année et plus pourraient étudier les images pour repérer les divers éléments de la conception. BAM, de Howie Shia, met l’accent sur le rapport entre la composition et l’intérêt de l’auditoire dans cette très violente adaptation moderne du mythe d’Hercule. Les élèves de la 1re à la 5e secondaire (de la 9e à la 12e année) peuvent analyser les choix conceptuels du réalisateur comme le rôle de la couleur dans le film, les images où la violence est implicite ou manifestement explicite et l’incidence de la trame sonore sans voix sur l’intrigue globale du film.

BAM, Howie Shia, provided by the National Film Board of Canada

Animer la créativité chez les élèves

Grâce aux technologies utilisées en classe, il est plus facile que jamais de traduire et d’animer les idées des élèves, notamment par l’animation 2D de photographies réelles, d’impressions ou de papiers découpés. Les films comme Orange, de Sylvie Trouvé, et Petit big bang, de Duncan Major, aident les élèves, dès la 4e année, à reconnaître qu’ils ne sont pas limités à un seul et unique mode d’expression.

Orange, Sylvie Trouvé, offert par l’Office national du film du Canada

Petit big bang, Duncan Major, offert par l’Office national du film du Canada

L’une des leçons que je préfère en éducation aux médias, c’est lorsque les élèves passent de l’exploration à la création et découvrent avec étonnement combien il faut d’images pour créer une seule séquence d’animation. Cette compréhension qui résulte de la pratique ne s’acquiert qu’en plongeant dans le processus. En tâtonnant pour comprendre l’importance de stabiliser la caméra, pour assimiler la notion de fréquence d’images et pour réussir une transition fluide entre les images, les jeunes constatent à quel point les cinéastes d’animation sont vraiment innovateurs.

Passionné d’art et de design, avide de valoriser le rôle de la technologie dans l’expansion des possibilités d’expression offertes aux élèves, Jon Lewis enseigne en Ontario depuis 15 ans et travaille actuellement à la coordination des programmes d’études de la maternelle à la 5e secondaire (de la maternelle à la 12e année). Il favorise l’utilisation des plateformes numériques en pédagogie. Jon vit à Barrie et il promeut activement les arts locaux à titre de cofondateur d’un espace communautaire axé sur l’art et l’éducation.

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