Primal : à la découverte du cri et de ses résonances
Ce billet est rédigé par Marie-Douce St-Jacques, qui contribue régulièrement à la conception de guides pédagogiques pour l’ONF. Artiste interdisciplinaire, spécialiste en art actuel et micro-éditrice, Marie-Douce St-Jacques s’intéresse au processus créatif et aux marges de la culture. En 2007, elle a reçu le prix Pierre-et-Yolande-Perrault pour son mémoire de maîtrise intitulé L’attente est un piège : La bête lumineuse de Pierre Perrault, de l’image aux viscères. Ce prix international était décerné pour la première fois à une étudiante de 2e cycle. Elle nous parle, ici, de son expérience lors de sa participation à la rédaction du guide pédagogique qui accompagne la production interactive Primal.
Un cri qui grandit
Je suis une femme de petite taille, plutôt timide, attribuée d’un prénom qui me prédestine à la délicatesse et au calme. Lorsque j’ai eu le mandat de tisser des liens entre le cri et l’art – une mission fascinante pour quelqu’un qui, comme moi, s’intéresse aux formes d’art vibrantes et viscérales, j’ai dû longuement réfléchir à cette question pourtant toute simple : qu’est-ce qu’un cri? Et surtout, qu’est-ce qu’un cri pour moi?
À l’âge de quatre ou cinq ans, je me souviens avoir crié sans préavis dans l’oreille de ma mère, pour voir ce que cela faisait. C’était, bien entendu, une très mauvaise idée. Elle s’est écartée d’un geste brusque et j’ai compris, par son regard stupéfait, que je lui avais fait mal. Ce jour-là, je découvrais que le cri n’est pas seulement un bruit, mais peut être une arme.
À l’adolescence, j’étais une mélomane introvertie qui se passionnait pour la musique marginale. Les écouteurs vissés sur les oreilles, je me dédiais toute entière à celle-ci, attentive aux mélodies et aux dissonances, aux paroles et à leur sens énigmatiques. La musique me guidait à travers les aléas parfois éprouvants de la puberté. C’était ma thérapie et, bien que toujours silencieuse, je chantais et je criais à travers elle.
L’art, un cri de ralliement
Jeune adulte, je me suis initiée aux arts et je me suis politisée. J’ai découvert que le processus créatif est synonyme de résistance; résistance contre l’inertie, contre le vide; résistance contre le chaos et le désordre du quotidien. J’ai réalisé qu’une bonne œuvre d’art murmure son sens à celle et celui qui veut bien l’entendre. Surtout, j’ai compris que je n’étais pas seule et qu’une communauté gravitait autour de mes centres d’intérêt. L’art était notre cri de ralliement et celui-ci prenait différentes formes. Le cri et l’art se ressemblent beaucoup. Les deux formes d’expression sont universelles, émancipées de la logique des mots. Elles subliment des sentiments difficiles à verbaliser, afin de les dévoiler au grand jour. Elles peuvent être censurées, redoutées, libératrices et porteuses d’une multitude d’autres sens. Du célèbre cri silencieux de Munch, aux performances d’endurance de Marina Abramović, du free jazz fougueux aux empreintes engagées de Banksy, des cauchemars hallucinés de Francis Bacon à la vivacité animale de Marie Chouinard : le cri est à découvrir, sous toutes ses formes singulières.
Oser le cri
« On crie pour taire ce qui crie » écrivait Henri Michaux. Éveiller ce qui est n’est pas une simple affaire ! Le guide pédagogique Primal a été conçu pour accompagner les enseignantes et les enseignants dans la découverte du cri, cette forme d’expression sous-estimée, parfois muselée, qui est pourtant partie intrinsèque de l’être humain. Sublimis, le cri dans l’art, un répertoire d’œuvres artistiques invite l’élève à mettre en relation le cri et l’art en lui fournissant des pistes pour reconnaître les différentes formes symboliques du cri, en discuter et s’en inspirer. L’élève sera invité à explorer différentes façons de traduire une idée en image, à contribuer à Primal, une création collective et à rendre compte de son expérience de création. Enfin, le guide propose Un cri du cœur pour aller plus loin et invite les jeunes à écrire et déclamer en classe un texte de poésie slam.
Sans le moindre doute, un cri, c’est beaucoup plus que du bruit dans les oreilles!
Merci monsieur Thouin pour votre remarque. En effet une erreur s’est glissée dans le texte et elle est maintenant corrigée.
Vous trouverez le bouton-lien vers la production interactive Primal dans le paragraphe d’introduction, primal.onf.ca/fr.
En vous invitant à contribuer au cri éternel, je vous souhaite une belle expérience!
Excusez ma néophytie: mais je reçois un courriel qui m’amène au BLOGUE qui me donne le goût de voir un film (par ex: PRIMAL..) mais je CHERCHE le bouton-lien qui m’amènera à pouvoir le voir, enligne et maintenant, en payant ou pas, etc. Mais je ne trouve pas ce bouton-lien.
À l’aide.