Philippe Baylaucq à Tokyo, 1e partie : Le magicien à l’ambassade du Canada
Collaboration spéciale de Philippe Baylaucq.
Philippe Baylaucq est de retour de Tokyo, au Japon, où il présentait son film Le magicien de Kaboul à l’ambassade du Canada. Il nous livre ici ses impressions de voyage. CW
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Cette fois, à Tokyo, mon magicien de Kaboul, M. Haruhiro Shiratori, était chez lui. La magie – sa magie – présente au rendez-vous, sous la forme d’un documentaire long métrage présenté en première japonaise, rebaptisé De feu et d’eau pour l’occasion. Le feu pour l’agonie de son fils Atsushi, mort dans la tour Nord du World Trade Center le 11 septembre 2001. Feu aussi pour la rage et la vengeance transformées par son père en geste de réconciliation avec le peuple afghan rencontré sur le terrain à maintes reprises depuis sept ans. L’eau pour la forme vitale de cette ouverture à l’autre. L’eau pour cette énergie que l’on met à comprendre l’absurde; pour nos espoirs de paix et de réconciliation, envers et contre tout.
Le générique tire à sa fin sur le grand écran du prestigieux auditorium de l’ambassade du Canada à Tokyo. Les 300 places sont occupées par les nombreux invités : des diplomates, des haut gradés d’ONG nippones et internationales, des députés du parlement japonais, nos collaborateurs de la Délégation générale du Québec à Tokyo, des étudiants, des proches et divers amis de la paix. Attentivement suivi et chaudement applaudi, le film est très bien reçu. L’effet de la projection est palpable jusque dans le hall d’entrée, où une deuxième projection est organisée pour le débordement de spectateurs.
Au moment où l’on discute ferme au Japon (et ailleurs) de la meilleure façon d’investir les ressources humaines et financières du pays dans des efforts de reconstruction plombés par une guerre qui n’en finit plus, les questions difficiles et les appels à l’espoir qui se dégagent du film alimentent vivement la discussion dans la salle, puis les échanges lors de la grande réception qui s’ensuit. Amis japonais et américains du défunt fils Atsushi semblent avoir retrouvé une précieuse parcelle de leur ami dans ce conte du 21e siècle, où rien n’est noir et blanc, mais où, à en juger la réaction des spectateurs, il se dégage, malgré de nombreuses questions sans réponses, une lueur d’espoir, un espoir ambitieux porté par un don Quichotte samouraï : tenace, courageux, idéaliste et original.
C’est pour moi enfin l’occasion de boucler la boucle d’une aventure qui a commencé il y 6 ans avec un article lu par hasard dans l’un des grands quotidiens anglophones de Tokyo. Lorsque j’ai rencontré le restaurateur à New York le 10 septembre 2003, la veille du deuxième anniversaire de la tragédie, je n’aurais jamais pu prédire que 6 ans plus tard nous nous retrouverions sur une scène, devant 300 personnes, à nous serrer la main, souhaitant de tous cœur que cette belle projection puisse l’aider à réaliser son rêve : changer le cours de la vie de quelques jeunes Afghans, transformer leur rage et leur désoeuvrement en ouverture sur le monde.
Il n’y rien qui fait plus plaisir à un cinéaste que de suivre son film dans différentes villes du monde et de constater que les spectateurs, qu’ils soient nord-américains, européens ou japonais, réagissent au mêmes moments, embrassent l’humanité du personnage, justement à cause de ses contradictions, mus par le désir de croire en ce projet fou parce que plus que jamais, la paix a besoin de grands gestes inspirés et de citoyens qui prennent des risques … pour la suite du monde.
Je voulais dire :
Ton film représente très bien la situation du monde entier en rapport avec l’Afghanistan, c’est comme la vie, et c’est rare qu’on puisse en dire autant… Bonne journée!
Bonjour Philippe, ce récit me fait grand plaisir. En effet, ton film est souvent discuté autour de moi, et le caractère – ni noir ni blanc- de la trame, sans conclusion éclatante ou happy ending, en déstabilise plusieurs,même quand ils adorent le film. Ton film représente tr;s bien la situation du monde entier en rapport avec l’Afghanistan, c’est comme la vie, et c’est rare qu’on puisse en dire autant… Bonne journée!
Bonjour Philippe, ce récit me fait grand plaisir. En effet, ton film est souvent discuté autour de moi, et le caractère – ni noir ni blanc- de la trame, sans conclusion éclatante ou happy ending, en déstabilise plusieurs,même quand ils adorent le film. Ton film, c’est comme la vie, et c’est rare qu’on puisse en dire autant… Bonne journée!