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Cinéaste recherché(e) : rencontre avec Emmanuelle Loslier

Cinéaste recherché(e) : rencontre avec Emmanuelle Loslier

Cinéaste recherché(e) : rencontre avec Emmanuelle Loslier

La 21e édition du concours Cinéaste recherché(e) bat son plein. Lancé le 4 octobre dernier, le concours permettra à un cinéaste émergent de réaliser un premier film d’animation professionnel avec l’ONF.

Pendant que les candidats préparent leur dossier (la date limite pour les inscriptions est le 11 janvier 2013), j’en ai profité pour rencontrer la dernière lauréate du concours, Emmanuelle Loslier, qui termine présentement son premier film professionnel dans les studios de l’ONF.

Elle travaille sur Rue de l’inspecteur, un film d’animation image par image réalisé à l’aide de dessins et de papiers découpés.

Entrevue avec une artiste bricoleuse.

Emmanuelle Loslier dans son studio d'animation

Quel est votre parcours pré-ONF?
Emmanuelle Loslier : J’ai d’abord étudié au programme Arts et Lettres (Cinéma) du Collège Ahunstic. Au cours de ce programme, j’ai eu à faire quatre films. Pour le dernier, j’ai décidé de réaliser un film d’animation. C’est assez rare qu’un élève réalise un film d’animation au cégep. Normalement, tout le monde fait de la fiction ou du documentaire, mais j’avais envie de tenter l’animation. J’ai toujours aimé dessiner et bricoler. À l’époque, je faisais même des illustrations pour le journal étudiant.

Ensuite, je me suis inscrite au programme de Cinéma d’animation de la Mel Hoppenheim School of Cinema de l’Université Concordia. C’était le programme d’études qui cadrait le plus avec mes intérêts et mon profil. J’y ai réalisé deux films qui se sont fait remarquer en festival : Aspiration (2004) et Tic Tac (2007). Ce dernier a remporté le prix de la meilleure production, catégorie animation, au 38e Festival du film étudiant canadien à l’occasion du 31e Festival des Films du monde de Montréal en 2007.

Après mes études, j’ai mis de côté le cinéma pour quelques temps et j’ai travaillé en graphisme pour Anne-Marie Chagnon, une designer de bijoux. Cette expérience m’a beaucoup apporté. Plus jeune, j’étais plus du type bricoleuse. Je faisais beaucoup d’artisanat. Mon expérience en graphisme m’a permis de me familiariser davantage avec l’informatique et les nouveaux logiciels.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous inscrire au concours Cinéaste recherché(e)?
J’aimais beaucoup mon travail en graphisme, mais je m’ennuyais de l’animation. J’ai donc commencé à travailler sur un projet de film en parallèle. Je l’ai d’abord soumis à La Résidence Folimage, parrainée entre autres par l’ONF. Le projet n’a pas été retenu. Après cette tentative, j’ai fait lire mon projet à mes amis et je l’ai retravaillé pour ensuite le soumettre au concours Cinéaste recherché(e).

J’ai pris connaissance du concours à l’Université Concordia. Je me suis rappelée du logo avec le chien dessus! J’ai donc téléphoné à l’ONF pour avoir plus d’informations et on m’a tout de suite transférée à la productrice Julie Roy. Elle m’a donné plusieurs conseils, dont celui de soumettre un projet le plus détaillé possible. C’est ce que j’ai fait.

Pour participer au concours, il faut soumettre une lettre de motivation, un film que l’on a déjà réalisé de manière indépendante, un synopsis de film et quelques éléments de recherche graphique. J’y ai ajouté une description complète de chacun de mes personnages et une description sonore. Ces deux derniers éléments m’ont fait gagner des points. À ma grande joie, je me suis retrouvée parmi les finalistes.

Que s’est-t-il passé ensuite?
On m’a convoquée en entrevue à l’ONF. J’étais en voyage au Brésil à ce moment-là et j’ai eu peur de perdre ma place. Heureusement, on m’a proposé de faire mon entrevue par webcam avec Skype. L’équipe de l’ONF s’est montrée très flexible. J’étais tout de même très nerveuse de faire mon entrevue à plusieurs milliers de kilomètres de distance!

Vous vous en êtes très bien tirée puisque vous avez remporté le concours! Quand avez-vous commencé à travailler à l’ONF?
J’ai d’abord retravaillé mon scénario et mon storyboard à la maison au cours de l’été 2011. Je suis donc entrée officiellement à l’ONF en septembre 2011.

Est-ce intimidant de travailler sur un premier film professionnel à l’ONF?
Ce qui est intimidant est de voir toutes les affiches de films qui ont remporté des prix prestigieux sur les murs de l’ONF. Heureusement, j’ai rencontré plusieurs cinéastes qui ont aimé mon projet. C’est encourageant. Et puis, on m’a bien encadrée tout au long du processus. Après une première rencontre avec la productrice Julie Roy, qui produit mon film, on m’a jumelée aux cinéastes Jacques Drouin (Le paysagisteEmpreintes), avec qui j’ai revu mon scénario, et Nicolas Brault, avec qui j’ai effectué mes premiers tests d’animation. Je savais quelle allure je voulais donner à mon film, mais je ne savais pas comment y arriver. Nicolas m’a guidée dans la bonne direction.

Image d’une méduse qui s’anime dans Rue de l’Inspecteur

Pouvez-vous nous décrire votre projet de film?
Nommé Heure de pointe au moment de soumettre le projet, mon film a changé de nom en cours de route et s’appelle maintenant Rue de l’Inspecteur. L’histoire se passe à l’intersection de cette rue, qui existe réellement à Montréal, tout près de l’autoroute Bonaventure. C’est à cet endroit qu’un homme pose un journal sur un banc. Tout le film se passe ensuite à l’intérieur du journal.

Pour ce faire, j’ai fabriqué un faux journal de 32 pages recto-verso. Puisque je ne pouvais pas écrire du contenu pour 64 pages toute seule, j’ai demandé à mes amis de jouer les journalistes et de m’envoyer des textes de toutes sortes : des travaux d’école, des essais, des analyses, etc. Je me suis chargée du graphisme et j’ai fait imprimer le journal chez un petit imprimeur.

Dans le film, les pages du journal s’animent. J’ai utilisé des techniques d’origami et de papiers découpés que j’ai ensuite animées directement sous la caméra, en animation image par image. J’ai aussi utilisé une deuxième caméra, placée de biais, pour obtenir une deuxième perspective. Tout a été filmé à plat sur un écran vert. La production a commencé en février dernier et a duré entre 5 et 6 mois. Nicolas Brault m’a aidé avec les logiciels de prise d’images, mais j’ai réalisé la majorité de l’animation par moi-même, avec un fil à pêche, des pinces, mes mains… et mes pieds!

Image d’une grue qui s’anime dans Rue de l’Inspecteur

Est-ce que tout le film a été réalisé en studio?
J’ai aussi fait de la prise de vue réelle. J’ai eu droit à une équipe de tournage complète, dont un directeur photo. Nous avons passé une journée entière sur le coin de la rue de l’Inspecteur, où un inspecteur pose le journal sur un banc dans le film, et nous avons tourné les séquences de prise de vue réelle et tous les éléments nécessaires à la reconstitution du décor (arrière-plan). Ces parties font le lien entre le monde réel et le monde imaginaire du journal. J’ai beaucoup aimé cette journée de tournage. J’ai pu faire de la direction d’acteurs pour la première fois. Ce fût une expérience très enrichissante.

À quelle étape êtes-vous rendue présentement?
Je suis en post-production. J’ai appris à travailler avec le logiciel After Effects et on m’a jumelée avec l’infographiste Emmanuel Suquet (Paula, Suivra le jour) pour la composition de l’image et l’intégration des décors.

Dès décembre, je devrais travailler sur le son avec Olivier Calvert (Bydlo, Madame Tutli-Putli) à la conception sonore et Luigi Allemano (Dimanche, The Lost Town of Switez) à la musique. Cette partie est très importante pour moi. Elle définit mon travail.

J’ai construit une personnalité sonore autour chaque personnage. Par exemple, à un moment dans le film, il y a un clocher qui sort du journal et qui se transforme en oiseau. Au lieu de gazouiller, cet oiseau fait des bruits de cloche. Je déforme ainsi la réalité pour en créer une nouvelle. J’essaie de faire tomber les repères et les idées préconçues. C’est un peu ma touche personnelle.

Qu’est-ce qu’il vous plaît le plus à l’ONF jusqu’à maintenant?
Je suis reconnaissante de l’opportunité de travailler dans un contexte professionnel aux côtés de cinéastes chevronnés. Des cinéastes que j’admire, comme Claude Cloutier, se promènent dans les couloirs et s’arrêtent pour commenter mon travail. Il y a un réel sentiment d’entraide. C’est précieux. Je me sens un peu comme à l’«Université de l’ONF », où j’apprends à utiliser différentes techniques et toutes sortes de logiciels.

Lorsque l’on travaille à l’ONF, on baigne vraiment dans le milieu de l’animation. On est au courant de tout ce qui se fait dans l’industrie. On a aussi la chance de travailler avec les meilleurs au monde. Des cinéastes des quatre coins de la planète viennent travailler dans les studios et l’on peut suivre de près tout le circuit des festivals. C’est en travaillant ici que je me suis rendue compte de toutes les possibilités qui s’offraient à moi. Rien n’est comparable. Disons que mon expérience à l’ONF a changé ma façon d’aborder mes futurs projets! Mais pour l’instant, j’ai surtout hâte de compléter mon film et d’aller le montrer en festival.

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