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De St-Henri à Johannesburg

De St-Henri à Johannesburg

De St-Henri à Johannesburg

Entrevue avec la réalisatrice Shannon Walsh

Le documentaire À St-Henri, le 26 août sera présenté en première mondiale au cours du l’événement Hot Docs de Toronto les 3, 5 et 8 mai prochains.

Il y a environ un mois, je vous ai présenté le projet dans un texte intitulé Le quartier St-Henri, 50 ans plus tard. Depuis, j’ai eu la chance de visionner ce très beau film et de m’entretenir sur Skype avec la réalisatrice principale, Shannon Walsh, qui se trouve présentement en Afrique du Sud. Nous avons discuté ensemble du tournage, de son équipe de cinéastes montréalais et de la participation du musicien Patrick Watson à la trame sonore du film.

Genèse d’un projet

La cinéaste originaire de London, en Ontario, a eu l’idée de faire ce projet après avoir vu À Saint-Henri le 5 septembre. « Quand j’ai vu ce film d’Hubert Aquin, je suis tombée en amour avec la culture québécoise, le cinéma direct et la littérature d’Aquin. J’avais envie, moi aussi, de revenir sur ces questions du territoire et de l’importance de la communauté », indique-t-elle. Pourquoi retourner à St-Henri? Parce que son ami et coscénariste du film, Denis Valiquette, est né là-bas. Ils entretenaient donc déjà un lien particulier avec ce quartier.

L’idée de faire un film en équipe était aussi l’opportunité pour Shannon Walsh de réaliser un projet avec sa communauté documentaire :

« Nous n’avons pas la chance de travailler ensemble très souvent et, avec la réalité du cinéma documentaire telle qu’elle est présentement, nous ne bénéficions pas toujours de conditions de production très joyeuses. Il y a tous ces problèmes de financement et de diffusion… Je voulais offrir un moment plus optimiste aux cinéastes. Je leur ai dit : faisons un film ensemble, en équipe, comme il se faisait dans le temps du cinéma direct à l’ONF. »

Tourné en 24 heures

Fidèle à son prédécesseur, le film a été produit en 24 heures. Plus de 80 personnes étaient séparées en 16 équipes de tournage. « Ça fait beaucoup de monde! Nous nous sommes croisés toute la journée dans le quartier. L’équipe de production a vraiment été incroyable », indique la réalisatrice principale.

Tout le travail a été organisé et planifié au cours des deux mois précédant le tournage. « Denis (Valiquette) et moi avions fait notre repérage un an plus tôt. Nous avions une bonne idée de ce que nous voulions capturer sur pellicule », souligne la cinéaste. Les cinéastes ont aussi fait leur propre repérage et ont eu la chance de choisir leurs personnages. « Nous voulions que notre film représente tous les types de personnes qui habitent le quartier St-Henri aujourd’hui. En 1962,  c’était un quartier ouvrier. De nos jours, il est moins générique. Je crois que nos personnages se complètent bien et reflètent la nouvelle réalité du quartier. »

Si Hubert Aquin et Claude Jutra ont eu de la difficulté à monter leur film en 1962, qui avait « trop d’images et pas assez de direction », l’équipe de Shannon Walsh n’a pas rencontré d’obstacles majeurs. « C’est Sophie Leblanc qui a monté le film avec moi. Nous avons eu un plaisir fou à travailler ensemble. Même au premier jour de montage, alors qu’on se trouvait devant toutes ces images captées, nous étions entièrement satisfaites de notre matériel de montage », explique la cinéaste.

Une trame sonore signée Patrick Watson

En plus d’une grande quantité d’images, l’équipe de post production avait aussi la chance de travailler sur des compositions originales de Patrick Watson, récipiendaire d’un prix Polaris, qui signe la trame sonore du film. Le musicien montréalais apporte au documentaire un univers sonore riche en émotions, où la musique devient un personnage. « Nous avons montré à Patrick Watson un premier montage et il est tout de suite tombé en amour avec le projet. Il l’a soutenu dès le début », raconte la cinéaste. « Il faut dire que nous avons monté le film en ayant sa musique en tête avant même de le contacter. Tout le projet est très poétique. La musique de Watson allait de soi. Pendant nos réunions de pré production, nous parlions déjà de monter le film comme une fiction », poursuit-elle.

Une équipe de cinéastes montréalais

Shannon Walsh est très fière de son équipe qu’elle qualifie de talentueuse. Le sentiment doit être réciproque, puisque tous les cinéastes ont accepté son invitation du premier coup. « J’ai rassemblé de jeunes cinéastes montréalais qui partagent des affinités et qui ont des intérêts en commun », affirme-t-elle. « C’est une chance pour eux de voir le monde, les gens et la ville à la manière du cinéma direct. Ils ont également bénéficié d’une grande liberté au tournage. » En effet, un film nécessite normalement trois ans de préparation. Ici, tout a été planifié en moins d’un an et le tournage s’est déroulé en une seule journée. « Je crois que l’expérience a été plaisante pour tous. C’est certainement quelque chose d’unique », ajoute la réalisatrice.

Malgré la déception de ne pas avoir été sélectionnée à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes (le film était dans la course jusqu’à la dernière étape), l’équipe de production est très enthousiaste à l’idée d’aller présenter le film à Hot Docs, à Toronto, le 3 mai prochain. « Le comité de sélection du festival a été incroyable avec nous. Ils aiment beaucoup le film et la ville de Montréal », confirme Shannon Walsh.

Est-ce que les gens de l’extérieur de Montréal vont apprécier le film tout autant? La réalisatrice croit que oui.

« Ce n’est pas parce que le film pose son regard sur un quartier de Montréal qu’il ne s’adresse qu’aux Montréalais, au contraire. C’est très intéressant pour quelqu’un de l’extérieur de voir la réalité d’un quartier qui n’est pas le leur, mais qui lui ressemble peut-être. Chaque quartier a son histoire. »

Installée en Afrique du Sud pour les deux prochaines années, la cinéaste ne chôme pas. En plus de compléter un post-doctorat, elle penche actuellement sur un autre projet de film très similaire, mais portant sur une ville de la région africaine où elle se trouve. L’idée reste la même : « Je travaille avec une dizaine de cinéastes d’ici et j’y pose mon regard extérieur. Je recommence le même processus de production, mais dans une autre ville. En fait, j’aimerais réaliser une série de trois films sur des quartiers différents de trois coins différents du monde », annonce la cinéaste.

Après son passage à Hot Docs, le film À St-Henri, le 26 août prendra l’affiche à Montréal le 20 mai prochain. La première montréalaise aura lieu le 12 mai au Théâtre Corona.

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