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Claude Jutra, portrait sur film

Claude Jutra, portrait sur film

Claude Jutra, portrait sur film

Suite aux nouvelles allégations à l’endroit de Claude Jutra, l’équipe de rédaction vous invite à lire la déclaration officielle de l’ONF par rapport au positionnement de son œuvre sur ONF.ca.

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Le 5 novembre 1986 disparait, dans des circonstances tragiques, un artiste qui aura marqué par son intelligence, sa sensibilité, son avant-gardisme, son éclectisme, son incroyable polyvalence, sa grande force mais aussi sa fragilité, notre cinématographie. Atteint de la maladie d’Alzheimer, seul, incapable de travailler, de penser, de créer, de supporter le fait de voir son esprit s’éteindre petit à petit, de ne plus être l’homme qu’il avait été, emprisonné par sa maladie, Claude Jutra décide de s’enlever la vie à l’âge de 56 ans. Il saute du pont Jacques-Cartier dans les eaux troubles et glacées du fleuve Saint-Laurent. Il laisse derrière lui une œuvre forte, marquante, mais inachevée, une vie remplie de lumière, faite de rencontres extraordinaires, mais aussi d’ombre et de solitude. C’est ce parcours exceptionnel, tragique, que le film de Paule Baillargeon*, que nous lançons cette semaine sur ONF.ca, nous invite à découvrir.

À la fin des années 1990, la productrice indépendante Anne Frank, qui a travaillé sur les plateaux des films de Jutra réalisés à Toronto au milieu des années 1970, a l’idée du film. Dès le départ, il est clair, à cause des origines du cinéaste, que le film doit être réalisé par quelqu’un du Québec. Le producteur indépendant André Théberge, qui vient de s’associer à la production, suggère d’emblée Paule Baillargeon. La cinéaste accepte, non sans quelques appréhensions. Le sujet est passionnant, important, proche de la réalisatrice (elle était une amie et une collègue de Claude Jutra), mais il fait peur. Raconter la vie et l’œuvre de cet homme reste une entreprise gigantesque et cela inquiète quelque peu la cinéaste qui, malgré une longue expérience de réalisatrice et de comédienne, en est à ses premières armes en documentaire. Quoi qu’il en soit l’association Baillargeon-Jutra semble aller de soi. Celle avec l’ONF aussi. Jutra y travaillera pendant de nombreuses années et y réalisera certains de ses films les plus importants, comme Mon oncle Antoine et Wow, pour ne nommer que ceux-là.

Il se passe quatre années entre l’annonce du projet et le tournage, qui débute en octobre 2001. Entre-temps, Paule Baillargeon se nourrit des rapports de recherche, envoyés par Jefferson Lewis, recherchiste principal et scénariste du film, de photos et d’images tournées par Jutra. Plus le temps passe, plus elle a la conviction de faire de ce projet un film personnel, mais aussi un film qui s’adresserait à la jeunesse. Les gens de sa génération connaissent le personnage alors que les jeunes en savent très peu sur lui ou n’en n’ont tout simplement jamais entendu parler, croit-elle.

Malgré des conditions de production plutôt rigides (une équipe imposée et un montage qui doit respecter un ordre chronologique), la cinéaste réussit à imposer sa marque et à faire de Claude Jutra, portrait sur film*, un documentaire intimiste et personnel. Elle amène l’idée de la réalisatrice-narratrice qui, au fil des entrevues, des images d’archives, des photos et des extraits de films du cinéaste, nous entraîne dans la vie de Jutra. Elle participe activement à l’écriture de la narration, bien que son nom ne figure pas au générique. Elle interprète le texte avec justesse et émotion. C’est aussi elle qui a l’idée de représenter, à la manière d’un théâtre d’ombres chinoises, les derniers moments de la vie de Claude Jutra. L’ombre du cinéaste nous apparaît ainsi, tout au long du film, tel un spectre, et nous rappelle le destin tragique de l’artiste.

Lancé au Festival des films du monde en 2002, distribué en salle, présenté sur les ondes de Radio-Canada et de la CBC, le film connaît beaucoup de succès partout où il passe. Il récolte six prix dont un prix Gémeaux et un prix Gemini pour la meilleure biographie ou portrait documentaire. Je vous invite à découvrir ce magnifique film, mais aussi ceux de Jutra lui-même, que nous vous proposons dans la section Films reliés.

Merci à Paule Baillargeon pour l’entretien qu’elle m’a accordé. Cela m’a permis de clarifier les circonstances qui ont mené à la production du film et de proposer ce billet.

*Notez que le film Claude Jutra, portrait sur film n’est pas accessible pour le moment sur ONF.ca, la libération de ses droits étant arrivée à terme. Il pourrait cependant être accessible à nouveau dans un futur rapproché. Merci de votre compréhension.

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