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Fire-Jo-Ball : la vie derrière le bar

Fire-Jo-Ball : la vie derrière le bar

Fire-Jo-Ball : la vie derrière le bar

Lieux phares de l’histoire du Québec, les tavernes (ces petits bars de quartier où l’on trouve encore des bocks de bière blonde à 3$ et où les clients se confondent aux tabourets, devenant des piliers) ont longtemps été interdites aux femmes.

Pourtant, aujourd’hui, ce sont presque qu’exclusivement des femmes qui servent les clients, qui, eux, ont conservé leur majorité masculine.

C’est donc en tant que femme cliente, « qui ne fitte pantoute dans le décor », que j’ai entamé, en 2019, une période de recherche dans ces endroits sombres même en plein jour. À ce moment, le projet s’appelait Seuls à plusieurs : je cherchais le bon bar, les bons clients et la bonne barmaid pour pénétrer l’intime de ces huis-clos où les solitudes se rassemblent, entre confidences nécessaires et échanges oubliés.

Pendant la phase de recherche. (Photo : Marie-Chloé Racine)

Après une cinquantaine de visites dans ces bars où l’espoir se mêle à la mélancolie, j’ai rencontré Jo-Ann Thibault. Coup de foudre. Dommage qu’elle soit seulement cliente, ai-je chuchoté à ma directrice photo de l’époque, « c’est elle que je veux ». La vie faisant bien les choses, Jo-Ann m’annonce au même moment qu’habituellement sa place est derrière le bar (elle l’appelle sa scène de théâtre). Elle y reviendra, après son burn-out.

Je suis peu à peu devenue le pilier de bar de Jo-Ann, l’observant jouer avec le regard des autres, écouter leurs confidences et, à mon tour, l’écouter, elle.

« Oui, c’est moi qui travaille à soir ! » Jo-Ann au téléphone avec un de ses « réguliers ». (Photo : Audrey Nantel-Gagnon)

Fire-Jo-Ball est le résultat d’une étroite collaboration entre réalisatrice et protagoniste. D’une relation de confiance, de bienveillance et de proximité qui évite la complaisance et joue constamment sur la fine ligne – celle qui tient en vie et qui oscille entre espoir et désespoir, entre lumière et noirceur.

C’est un film où les mots ne signifient pas toujours ce qu’ils disent, où une femme se livre, dans toute sa vulnérabilité, sa force et sa résilience.

C’est un film qui donne parfois envie de danser, parfois de pleurer – et pourquoi pas les deux en même temps.

Parce que la vie est un jeu, et le réel aussi.

J’espère, cher public, que les étincelles aussi douloureuses que libératrices de Fire-Jo-Ball sauront résonner au-delà du film, et que Jo-Ann vivra en vous comme elle a vécu en moi toutes ces années. Avec ses défauts, ses qualités et, qui plus est, son incommensurable désir d’être heureuse là où elle est : devant vous, derrière son bar.

Le cinéma est un acte de partage – en voici quelques parts.

Bonnes émotions,

Audrey Nantel-Gagnon, réalisatrice


Visionnez Fire-Jo-Ball :

Fire-Jo-Ball, Audrey Nantel-Gagnon, offert par l’Office national du film du Canada

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