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Les perspectives de cinéastes canadiens et canadiennes d’origine asiatique, dans sept films récents et mémorables de l’ONF

Les perspectives de cinéastes canadiens et canadiennes d’origine asiatique, dans sept films récents et mémorables de l’ONF

Les perspectives de cinéastes canadiens et canadiennes d’origine asiatique, dans sept films récents et mémorables de l’ONF

À l’occasion du Mois du patrimoine asiatique, j’aimerais consacrer ce billet de la série Perspective du conservateur à sept films récents et percutants de l’ONF qui ont permis de faire connaître l’histoire et les récits de Canadiens et Canadiennes d’origine asiatique à des publics d’ici et du monde entier. Ces documentaires et films d’animation remarqués, accessibles en ligne, ont tous été réalisés par des cinéastes asiatiques ou canadiens et canadiennes d’origine asiatique.

Documentaires récents

Pour commencer cette exploration, je vous propose de voir le premier film sur ma liste : Tuer un tigre, de la cinéaste Nisha Pahuja, qui a été en nomination pour l’Oscar® du meilleur long métrage documentaire.

Tuer un tigre, Nisha Pahuja, offert par l’Office national du film du Canada

Nisha Pahuja, qui est née à New Delhi mais qui a grandi à Toronto, a réalisé plusieurs films qui ont connu le succès — notamment Bollywood Bound (2003), Diamond Road (2007) et The World Before Her (2012) —, avant Tuer un tigre, une coproduction de l’ONF saluée par la critique dans le monde entier. Lauréat de 19 prix, ce documentaire s’intéresse à un fermier indien qui demande justice pour sa fille de 13 ans, survivante d’une agression sexuelle. Pour traiter de ce sujet troublant, la réalisatrice a choisi de se concentrer sur les obstacles qui se dressent devant les protagonistes du film et les croyances dépassées des gens de leur village. Cette approche respectueuse permet de faire passer le courage de cette famille au premier plan.

Jia, Weiye Su, offert par l’Office national du film du Canada

Peintre sino-canadien, photographe et cinéaste vivant à Toronto, Weiye Su est le réalisateur à l’origine des deux prochains films dont j’aimerais parler : Jia (2020) et Le tunnel et la fortune (2022). Bref film-témoignage, Jia dresse le portrait d’une jeune famille d’origine chinoise partie rendre visite aux siens dans la région de Wuhan, épicentre de la pandémie de COVID-19. Ouvrant sur une séquence de métacinéma, à la manière de Je trouverai un moyen (1977), de Beverly Shaffer, et incorporant des images tournées en Chine et au Canada au cours de la pandémie, ce film incarne bien certaines des expériences vécues par de nombreuses jeunes familles immigrées durant cette période.

Dans Le tunnel et la fortune (2022), qui réunit aussi des témoignages, des photographies et des documents, le cinéaste explore un épisode intime de la vie des Chow à Moose Jaw. Le film revient sur les fausses rumeurs de tunnels courant sous la ville et sur la fracture familiale qu’ont provoquée les politiques visant à bannir l’immigration chinoise au Canada. À l’écran, les Chow réfléchissent aux préjugés qu’incarne cette légende et à l’enchevêtrement de leurs racines familiales ancrées dans cette ville depuis les années 1880.

Le tunnel et la fortune, Weiye Su, offert par l’Office national du film du Canada

La journaliste, dramaturge et cinéaste indo-canadienne Prajwala Dixit, reconnue pour sa collecte de fonds annuelle en soutien à la représentation de la diversité dans la littérature jeunesse[1], a fait paraître deux pièces de théâtre (The Tales of Dwipa et Log Kya Kahenge) et réalisé en 2022 un court métrage pour l’ONF intitulé avec amour, amma. Tourné en Inde et au Canada, ce film-essai et documentaire d’observation au rythme lent se penche sur l’histoire d’une jeune mère souffrant d’un trouble de la personnalité limite et nous convie à un voyage, depuis le choc du diagnostic jusqu’à l’acceptation. Captivant tant du point de vue de la forme que du fond, avec amour, amma laisse entrevoir une prometteuse carrière cinématographique.

avec amour, amma, Prajwala Dixit, offert par l’Office national du film du Canada

Du côté de l’animation

La cinéaste franco-vietnamienne et illustratrice Sandra Desmazières a découvert l’animation à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. On lui doit quatre films : Sans queue ni tête (2003), Le thé de l’oubli (2008), Bao (2011) et Comme un fleuve, un court métrage de 2021 produit par l’ONF et qui a remporté sept récompenses, dont le prix Écrans canadiens du meilleur court métrage d’animation en 2022. Comme un fleuve est l’histoire de deux sœurs qui ont grandi au Vietnam et que la guerre a séparées pendant près de 20 ans. Raconté avec une animation minimaliste incorporant des techniques de l’anime (par exemple, des personnages en mouvement sur un fond fixe), ce récit émouvant s’intéresse aux souvenirs, à la guerre et aux ombres de l’histoire vietnamienne.

Comme un fleuve (Nh? m?t dòng sông), Sandra Desmazières, offert par l’Office national du film du Canada

Thao Lam est une écrivaine, une illustratrice et une cinéaste canadienne d’origine vietnamienne vivant à Toronto, dont le livre The Paper Boat a servi d’inspiration au film de l’ONF Boat People (2023), coréalisé avec le cinéaste et animateur canadien Kjell Boersma. Boat People a remporté huit récompenses, dont celle du meilleur court métrage d’animation au Festival international du film de Calgary de 2023. C’est également à Kjell Boersma que l’on doit Dam! The Story of Kit the Beaver (2017), qui a été en lice dans la catégorie du meilleur court métrage d’animation aux prix Écrans canadiens. Mêlant l’animation traditionnelle en 2D, l’animation image par image à l’aide d’une caméra multiplane et des effets numériques en 3D, l’esthétique singulière de Boat People crée une surprenante métaphore de rupture et de résilience, en juxtaposant le comportement des fourmis à une expérience profondément humaine. Boat People revisite l’histoire des 1,6 million de réfugiés qui ont fui le Vietnam en raison de la guerre qui y faisait rage, traversant la mer de Chine méridionale sur de petites embarcations.

Boat People, Kjell Boersma et Thao Lam, offert par l’Office national du film du Canada

La carrière de Bahram Javahery, un artiste et cinéaste kurde iranien établi au Canada, a débuté il y a une quarantaine d’années. Il a écrit, réalisé et animé huit films, dont Un gage d’amour (2022), une production de l’ONF qui a été présentée dans huit festivals de cinéma internationaux, dont le prestigieux Animafest Zagreb. Film historique aux accents futuristes, il combine des éléments traditionnels (comme la pomme aux clous de girofle, ou sêva mêxekrêj, en kurde) à des motifs fantastiques, tels des véhicules volant au-dessus de villes sans âge. L’animation de bas-reliefs en argile a été réalisée avec une telle précision qu’elle donne l’impression de véritables sculptures en mouvement. Ce format rarement exploité au cinéma confère une beauté saisissante aux scènes et aux personnages. Javahery a décrit la création de ce film unique comme un « acte d’amour ». L’humanisme qui s’en dégage vous habitera longtemps, tout comme l’impression de familiarité et d’espoir qui l’habite.

Un gage d’amour, Bahram Javahery, offert par l’Office national du film du Canada

Les cinéastes canadiens et canadiennes d’origine asiatique à l’ONF

La signification du mot « Asie » est incroyablement vaste et représente une multitude de pays, de cultures et de territoires. Les sorties récentes à l’ONF sont autant d’invitations à découvrir la grande diversité des réalités et des opinions des peuples du monde. Elles présentent de remarquables histoires, que ce soit à propos d’un village indien, de l’immigration chinoise au Canada, de l’exode vietnamien des années 1960 ou encore de traditions et de points de vue kurdes.

Ce que ces films ont en commun, néanmoins, c’est qu’ils ont tous été produits par l’ONF et qu’ils illustrent la remarquable contribution des cinéastes canadiens et canadiennes d’origine asiatique à l’Office.

Je vous invite donc à vous joindre à nous durant le mois de mai pour célébrer le Mois du patrimoine asiatique en regardant ces films remarqués et en visitant nos chaînes rassemblant une multitude d’œuvres, telles que Regards sur les communautés asiatiques au Canada et Animatrices d’origine asiatique.

[1] https://www.cbc.ca/shortdocs/filmmakers/prajwala-dixit

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