Cinq films biographiques à voir | Perspective du conservateur
Les films biographiques semblent connaître un regain de popularité ces derniers temps. Pensons notamment à Bob Marley : One Love (2024), Oppenheimer (2023), qui a triomphé aux Oscars, remportant pas moins de 13 statuettes, Maestro (2023), Priscilla (2023) ou encore Napoléon (2023).
Le documentaire n’est pas en reste. Les plateformes de diffusion en continu proposent nombre de séries ou de longs métrages sur des personnalités célèbres, allant de l’ex-footballeur David Beckham (Beckham, 2023, Netflix) au politicien et acteur Arnold Schwarzenegger (Arnold, 2023, Netflix), en passant par la peintre Frida Kahlo (Frida, 2024, Amazon) et le musicien et chanteur David Bowie (Moonage Daydream, 2022, Amazon), pour ne citer que ces quelques exemples.
Notre vaste collection regorge de films biographiques, une tradition qui remonte à la fin des années 1950. Certaines de ces œuvres ont marqué notre histoire, comme Félix Leclerc troubadour (1958) de Claude Jutra, Mesdames et messieurs, M. Leonard Cohen (1965) de Donald Brittain et Don Owen, Le volcan : une réflexion sur la vie et la mort de Malcolm Lowry (1976), nommé aux Oscars, Deux épisodes dans la vie d’Hubert Aquin (1979) de Jacques Godbout ou Le steak (1992) de Pierre Falardeau et Manon Leriche.
Mais qu’en est-il des dernières années? Le genre semble également connaître un regain de vie à l’ONF. Les deux documentaires, toujours en chantier, sur les cinéastes Michel Brault et Pierre Hébert, ainsi que la sortie récente du film de Monique LeBlanc sur l’écrivain canadien David Adams Richards, Les géographies de DAR (2023), semblent le confirmer.
Les Géographies de DAR, Monique LeBlanc, offert par l’Office national du film du Canada
Ce billet aimerait vous proposer cinq documentaires biographiques tournés lors des dix dernières années. Les meilleurs ? Peut-être. L’exercice reste éminemment subjectif. Mais si le genre vous intéresse, il ne faudrait pas les rater. Je vous les présente en ordre chronologique décroissant.
Theodore Ushev : liens invisibles (2022)
Le cinéaste d’animation d’origine bulgare Theodore Ushev retourne dans son pays d’origine dans ce documentaire tourné par son compatriote, le journaliste et critique de films Borislav Kolev. Le film nous emmène à Kyoustendil, la ville natale du cinéaste, à Plovdiv, où il a fait des études à l’École des arts scéniques, puis à Sofia, la capitale, où il a obtenu une maîtrise en graphisme à l’Académie nationale des arts. Ce voyage est l’occasion pour Ushev de renouer avec de vieilles amitiés, de raviver des souvenirs et de revisiter des lieux qui ont marqué sa vie. Le film est aussi, pour le spectateur, une occasion d’accéder à l’univers du cinéaste. Un voyage intérieur captivant qui nous permet de mieux comprendre son œuvre.
Theodore Ushev : liens invisibles, Borislav Kolev, offert par l’Office national du film du Canada
Les Rose (2020)
Prix du public 2021 au Gala Québec Cinéma, le premier remis à un film documentaire, ce long métrage du cinéaste Félix Rose revient sur la crise d’Octobre d’une façon nouvelle et originale. Deux des membres de la famille du réalisateur ont été au cœur des événements qui ont secoué le Québec en 1970. Son père, Paul Rose, et son oncle, Jacques Rose, ont fait partie de la cellule Chénier du Front de libération du Québec (FLQ), responsable de l’enlèvement, de la séquestration et de l’assassinat de Pierre Laporte. À l’aide d’images d’archives, certaines inédites, d’extraits de films et de conversations avec plusieurs membres de sa famille, Félix Rose nous raconte les circonstances qui ont mené son père et son oncle à se joindre au FLQ. Il relate également les événements qui ont entouré l’enlèvement de Pierre Laporte, l’arrestation des deux frères, leurs procès, leurs conditions de détention, leur libération, puis la vie qu’ils ont menée par la suite. Les Rose nous entraîne au cœur d’un moment marquant de l’histoire du Québec et au cœur d’une famille marquée à jamais par cet événement.
Les Rose, Félix Rose, offert par l’Office national du film du Canada
Wintopia (2019)
À la mort de son père, le célèbre documentariste canadien Peter Wintonick, la cinéaste Mira Burt-Wintonik retrouve au sous-sol de la maison familiale des cartons contenant plus de 300 vidéocassettes. Elles renferment des images tournées par le cinéaste sur une période de 15 ans. Un projet inachevé intitulé Utopia. Au cours de ses nombreux voyages à travers le monde, Wintonick était à la recherche d’un idéal, d’une utopie sur terre, un lieu où toutes et tous seraient heureux. Il s’était lancé dans une quête du paradis perdu et voulait en tirer un film. C’est le point de départ de Wintopia, un documentaire fascinant dans lequel Mira Burt-Wintonick parvient à mettre en image l’impossible quête de son père. Elle réalise ainsi le portrait de l’un des documentaristes canadiens les plus importants de son époque, non pas à travers ses films, comme on pourrait s’y attendre, mais par l’entremise d’un projet inachevé. C’est ce qui fait toute l’originalité et la force du film.
Wintopia (Version française), Mira Burt-Wintonick, offert par l’Office national du film du Canada
Pauline Julien, intime et politique (2018)
La vie et la carrière de la grande chanteuse Pauline Julien sont intimement liées à l’histoire politique du Québec. Le titre de ce magnifique documentaire de la cinéaste Pascale Ferland est donc tout à fait approprié. À l’aide de chansons, de photos, d’extraits de films, d’images d’archives, d’extraits des journaux intimes de la chanteuse et de la correspondance qu’elle a entretenue pendant de longues années avec son conjoint, le poète et homme politique Gérald Godin, Pascale Ferland nous raconte la vie intime et politique de celle que l’on surnommait la Renarde. Un film lumineux, tout en musique et en poésie, qui laisse toute la place à cette grande dame de la chanson.
Pauline Julien, intime et politique, Pascale Ferland, offert par l’Office national du film du Canada
Danny (2014)
Connaissez-vous Danny Williams? Ce politicien charismatique, bagarreur, déterminé, que tout le monde appelait familièrement Danny, a été premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador de 2003 à 2010. Ce documentaire brillant des cinéastes Justin Simms et William D. MacGillivray raconte la vie et la carrière d’un homme qui s’est toujours battu pour le bien de ses concitoyens et concitoyennes. Il montre comment ce dirigeant, qui n’avait jamais fait de politique auparavant, a su tenir tête au gouvernement fédéral et aux grandes compagnies pétrolières afin que la population de la province, qu’il a dirigée pendant huit ans, tire profit au maximum de ses ressources naturelles. Danny nous séduit par le charisme et la détermination de son protagonisme et la façon dont l’histoire nous est racontée.
Danny, Justin Simms et William D. MacGillivray, offert par l’Office national du film du Canada
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