Bande dessinée et cinéma d’animation, une histoire d’amour! | Perspective du conservateur
Enfin, le mois de mai est arrivé! Mai, c’est le mois où le printemps s’installe pour de bon, celui de la fin du temps froid, de l’apparition des feuilles dans les arbres, des tulipes, des premières chaleurs, des premiers orages. Mais, c’est aussi le mois de la bande dessinée!
Depuis quelques années, le Studio d’animation du Programme français courtise de plus en plus les bédéistes pour qu’ils et elles viennent y travailler. Plusieurs sont devenus cinéastes d’animation ou ont vu leurs œuvres devenir des films d’animation. Examinons quelques-unes des figures marquantes des dernières années.
Un pionnier
En 1986, Claude Cloutier est le premier bédéiste à se joindre à l’équipe d’animateurs du Studio d’animation du Programme français. Son premier film, Le colporteur (1988), est d’ailleurs inspiré de sa bande dessinée, La légende des Jean-Guy, parue dans les pages du magazine humoristique Croc de 1982 à 1987. Il poursuit depuis ce temps une carrière de cinéaste d’animation à l’ONF. Il y a réalisé douze films. Son œuvre a été récompensée d’une vingtaine de prix, dont le Jutra du meilleur court métrage d’animation pour Isabelle au bois dormant (2007) et l’Iris du meilleur court métrage d’animation pour Autos portraits (2015). Son plus récent film, Mauvaises herbes (2020), figurait cette année dans la courte liste de dix films en présélection aux Oscars.
Le Colporteur, Claude Cloutier, offert par l’Office national du film du Canada
Une voix autochtone
Diane Obomsawin, cinéaste et bédéiste d’ascendance abénaquise, poursuit en parallèle une carrière en animation et comme illustratrice et autrice de bandes dessinées. En 2002, elle réalise, au Studio d’animation anglais, Distances, un des six films de la série Animapaix, sur la résolution de conflits. Il en résulte un court métrage désopilant sur un employé de bureau qui a maille à partir avec un nouveau collègue de travail. Son film suivant, Ici par ici (2006), produit cette fois par le Studio français, raconte avec humour son enfance tiraillée entre son père et sa mère, le Québec et la France. Ses deux plus récents films, Kaspar (inspiré de la vie de Kaspar Hauser) (2012) et J’aime les filles (2016), récipiendaire du grand prix au Festival international d’animation d’Ottawa, sont tirés de ses bandes dessinées du même nom publiées par L’Oie de Cravan.
J’aime les filles, Diane Obomsawin, offert par l’Office national du film du Canada
Une série à succès
Le cinéaste d’animation et bédéiste originaire de Québec, Francis Desharnais, réalise son premier film, Rumeurs, en 2003. Une animation qu’il signe avec le groupe Kiwistiti, un collectif qui produit et réalise des films d’animation, et dont il est le fondateur avec Annie Frenette et Frédéric Lebrasseur. En 2008, il publie sa première bande dessinée aux éditions Les 400 coups, Burquette, qui connait beaucoup succès et pour laquelle il remporte plusieurs prix. Burquette raconte avec humour les mésaventures d’Alberte, une adolescente de 15 ans, qui, pendant un certain temps, se voit contrainte par son père de porter la burka! Un deuxième tome paraît deux ans plus tard. En 2011, le bédéiste revient à l’ONF pour créer une série de vingt capsules animées d’une minute chacune, inspirée du premier tome de sa bande dessinée. Le projet prend la forme d’un site interactif et propose, en plus des capsules, des extraits de bandes dessinées, un journal et des discussions en direct. Tout comme la bédé, le site connaît beaucoup de succès auprès des internautes, se méritant le prix Boomerang du meilleur site fiction – variété, humour et un DIGI Award.
Découvrez ici les vingt capsules animées de la série.
Chroniques du 9e art
En 2017, en collaboration avec Canal+ et Sacrebleu Productions, le Studio d’animation du Programme français lance la première mouture de la collection Chroniques du 9e art. Cette série veut mettre l’accent sur la grande affinité qui existe entre la bande dessinée et le cinéma d’animation. Pour ce faire, elle propose quatre films réalisés par des bédéistes : Chronique panoramique de Lewis Trondheim et Jean-Mathieu Tanguy, L’amour libre d’Aude Picault, La dent de Guy Delisle et La pureté de l’enfance de Zviane. Les films sont lancés directement sur ONF.ca et connaissent un succès instantané! Le film de Zviane se démarque particulièrement et devient le film le plus vu sur le site en 2017. En 2021, deux nouveaux films s’ajoutent à la série: Le syndrome de la tortue, de Samuel Cantin, et Chroniques du Centre-Sud, de Richard Suicide.
La pureté de l’enfance, Zviane, offert par l’Office national du film du Canada
Le syndrome de la tortue, Samuel Cantin, offert par l’Office national du film du Canada
Deux bédéistes de talent, deux films forts
La feuille de route de l’illustrateur et bédéiste trifluvien Pascal Blanchet est remarquable. Il a réalisé des illustrations pour des journaux et des magazines renommés, comme le New Yorker et le National Post. Ses bandes dessinées, publiées aux éditions La Pastèque, ont reçu plusieurs prix. Le cortège (2019) est le fruit d’une collaboration entre Blanchet et le cinéaste d’animation Rodolphe Saint-Gelais. Le résultat impressionne par la beauté de son noir et blanc et rose, par l’élégance et la richesse de ses dessins, et l’efficacité de son récit.
Le cortège, Pascal Blanchet et Rodolphe Saint-Gelais, offert par l’Office national du film du Canada
Le mal du siècle (2019) de la graphiste, illustratrice et bédéiste Catherine Lepage est tout aussi remarquable. L’artiste originaire de Québec, qui a fait de la santé mentale un thème récurrent de son œuvre, s’inspire de trois de ses bandes dessinées pour illustrer et animer avec brio les conséquences désastreuses du surmenage et de notre obsession de la performance. Des images puissantes, des dessins d’une redoutable efficacité, font de ce film une œuvre forte et bouleversante!
Le mal du siècle, Catherine Lepage, offert par l’Office national du film du Canada
Des choses qui existent
Impossible de terminer ce texte sans parler de l’excellente série de 26 épisodes répartis sur deux saisons du cinéaste Francis Papillon et des bédéistes Iris et Cathon, La liste des choses qui existent | Saison 1 (2019) et La liste des choses qui existent | Saison 2 (2021), tirée de la bande dessinée du même nom d’Iris et Cathon. Ludiques, drôles, parfois méchants, ces courts films de deux ou trois minutes vous apprendront plein de trucs sur des choses… qui existent! La série doit beaucoup aux comédiennes Émilie Bibeau et Debby Lynch-White, qui prêtent respectivement leur voix à Cathon et Iris. À voir et à revoir!
Cliquez ici pour voir les deux saisons.
Je vous invite à découvrir ici notre sélection de films tirés de bandes dessinées.
Bon mois de la B.D.!
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