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Hubert Reeves : conteur d’étoiles, faiseur de scientifiques

Hubert Reeves : conteur d’étoiles, faiseur de scientifiques

Hubert Reeves : conteur d’étoiles, faiseur de scientifiques

Le désir d’expliquer l’Univers aux autres

Hubert Reeves : conteur d’étoiles, Iolande Cadrin-Rossignol, offert par l’Office national du film du Canada

1984 (non, rien à voir avec le roman dystopique de George Orwell !) : je m’en souviens encore comme si c’était hier. C’est l’année où j’ai ouvert pour la première fois le livre d’Hubert Reeves Patience dans l’azur. Je me rappelle ce moment à Noël, quand je me suis retrouvé plongé dans l’Univers. Quand, à travers les mots et la poésie de son écriture, j’ai eu l’impression de comprendre quelque chose de bien plus grand que moi, que ma cellule familiale, que mon pays, que ma Terre, que mon Système solaire.

Les mots d’Hubert Reeves résonnaient dans ma tête, agitant mes neurones et affolant mon intellect. Un coup de foudre littéraire et scientifique. Même si je ne comprenais pas bien tout ce que je lisais, j’étais transporté dans l’histoire de l’Univers, tel un spectateur dans un planétarium qui voit défiler devant ses yeux les enchaînements allant de la formation des premiers éléments à l’apparition de la vie sur Terre. J’avais l’impression d’être savant. Je voulais devenir Le Savant à mon tour, du haut de mes 12 ans. J’ai donc décidé d’essayer de ressembler à Hubert. Je voulais réfléchir sur l’Univers, le comprendre et surtout l’expliquer aux autres.

Vers une carrière d’astrophysicien

En regardant le documentaire de l’ONF Hubert Reeves : conteur d’étoiles, j’ai ressenti le même plaisir qu’à la lecture de mon premier livre d’Hubert Reeves, le roulement des r en plus ! Car, en 1984, je ne connaissais pas bien Hubert Reeves. Je ne l’avais jamais entendu. Ce n’est que quelques années plus tard, vers 1987 environ, que j’ai découvert le personnage. Et quel personnage ! J’étais déjà très sensible à sa poésie écrite, mais entendre sa voix, calme, d’une clarté limpide et avec ce si bel accent m’a conforté dans le choix de ma future carrière. Je voulais être un astrophysicien, mais pas n’importe lequel, un astrophysicien comme Hubert Reeves.

Dès lors, j’y ai mis tous mes efforts, toute ma passion. Est-ce que ce fut difficile ? Même pas. J’étais confiant, jeune, impétueux, un peu comme lui. Je m’en suis aperçu en voyant la première moitié du documentaire, quand Hubert écrit à l’Université Harvard à l’âge de 17 ans pour aller en apprendre plus sur l’astronomie et, comme il le dit, faire « l’expérience de sortir du milieu québécois ».

Moi aussi, j’ai su très tôt qu’il fallait que je sorte de mon milieu. Pour devenir astrophysicien, je devais aller à la rencontre de mon modèle et me rendre au Québec. Avec le recul, c’était un choix osé, mais surtout mal informé. Car si Hubert Reeves est bien québécois, il ne travaillait pas à Montréal officiellement. Au début des années 1990, il était déjà établi comme directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Orsay, en France. Il maintenait certes des liens avec Montréal et le Québec, en s’y rendant de temps en temps, mais n’y vivait plus depuis longtemps. Chose que j’ignorais à l’époque.

Parallèlement à cette motivation, ma passion pour l’astronomie amateur s’est développée. Comme pour Hubert, qui l’explique dans le documentaire, l’observation des étoiles et des beautés de la voûte céleste décuplait mon désir de comprendre l’Univers. Pour moi, non seulement la compréhension des phénomènes astronomiques était importante, mais faciliter l’obtention des images et des données scientifiques pour les étudier était fondamentale ! Dès lors, j’ai su que devenir un spécialiste dans la construction d’instruments astronomiques était le chemin à suivre. D’autant que ce chemin me menait directement vers Montréal, réputée dans ce domaine, et vers Hubert (du moins le croyais-je à l’époque) ! J’ai donc entrepris des études d’ingénieur physicien que j’ai pu poursuivre à l’École polytechnique de… Montréal, puis à l’UdeM.

Dès le premier jour de ma maîtrise, en 1997, je me suis retrouvé dans mon bureau juste à côté de celui d’Hubert Reeves, dont la porte était marquée de son nom. J’étais fier d’être là. Moi, petit provincial de Marseille, j’avais MON bureau près du sien ! Toutefois, la réalité (même si je la connaissais désormais) m’a rattrapé. Hubert passait l’essentiel de son temps à Malicorne et ne revenait qu’occasionnellement à Montréal pour passer du temps en famille et donner quelques conférences. Je n’ai jamais pu le rencontrer pour lui dire qu’il avait été mon modèle.

Scientifique passionné et engagé

Mais ce n’était pas grave. J’avais le bureau à côté du sien. Et ses livres, j’étais capable de les comprendre maintenant. Je pouvais même les expliquer un peu, puis de mieux en mieux. C’est Hubert qui m’a transformé. C’est Hubert qui m’a permis de me dépasser. Et cette porte de bureau n’était pas une finalité, elle marquait mon entrée dans le monde de l’Astrophysique avec un grand A. Un coup de pouce formidable qui m’a propulsé ensuite vers la direction du Planétarium Rio Tinto Alcan à Montréal, où je peux enfin faire de l’astronomie tout en éduquant le public et en partageant ma passion et celle de mon équipe avec lui.

Grâce à Hubert Reeves : conteur d’étoiles, j’ai pu retrouver, à chaque minute, chacun des sentiments qui m’ont amené à être un astrophysicien. La beauté des mots, la poésie d’Hubert Reeves accompagnent le documentaire de Iolande Cadrin-Rossignol, qui révèle le parcours non seulement d’un scientifique passionné, mais aussi d’un humaniste et d’un écologiste engagé.

Et l’on comprend l’importance de la science dans sa vie, dans la mienne. Car avant tout, comme Hubert Reeves le précise lui-même dans le documentaire, « il y a une dimension d’angoisse dans la vie des scientifiques. Et il vaut mieux savoir ce qui se passe que ne pas le savoir, il vaut mieux comprendre et explorer dans quoi on vit ». C’est aussi ce désir de compréhension et cette angoisse qui nous poussent à nous dépasser et à prendre la mesure de la nature qui nous entoure, pour mieux la protéger pour nos enfants.

Hubert Reeves : conteur d’étoiles, mais aussi et surtout faiseur de scientifiques engagés.

Merci, Hubert, merci, Iolande, pour ce documentaire !

 

Olivier Hernandez est un astrophysicien expert en instrumentation et spécialiste des galaxies, puis des exoplanètes. Il est actuellement le directeur du Planétarium Rio Tinto Alcan à Espace pour la vie. Il est aussi responsable de la recherche, responsable de la transition écologique et fondateur du comité équité, diversité et inclusion. Il est toujours chercheur associé à l’Institut de recherche sur les exoplanètes (iREx) à l’Université de Montréal. Il a le plaisir d’être à la tête d’une équipe dynamique de chercheurs et de concepteurs et conceptrices artistiques voués à l’éducation du grand public.

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