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Contes d’une grossophobie ordinaire : exposer, sensibiliser et déconstruire la stigmatisation

Contes d’une grossophobie ordinaire : exposer, sensibiliser et déconstruire la stigmatisation

Contes d’une grossophobie ordinaire : exposer, sensibiliser et déconstruire la stigmatisation

Quand j’ai envoyé ma proposition de projet pour le concours Tremplin en 2018, je n’avais aucune idée de l’aventure dans laquelle je m’apprêtais à embarquer. À titre de réalisatrice émergente, j’étais terrifiée par l’idée de « pitcher » une mauvaise idée. Mais, ironiquement, la perspective de pouvoir aller de l’avant avec ce projet hautement personnel me terrifiait tout autant.

Josiane Blanc est une scénariste et réalisatrice qui croit fermement en l’importance d’utiliser les médias et le cinéma comme vecteurs de changement. Contes d’une grossophobie ordinaire, maintenant accessible en ligne est son premier documentaire indépendant.

La grossophobie, même si on en parle beaucoup plus aujourd’hui, est un sujet qui entraîne fréquemment des débats enflammés. Sous le couvert de la santé, les arguments contre le mouvement sont bien souvent teintés de préjugés sociaux influencés par les standards de beauté qu’on nous martèle depuis un très jeune âge. Les commentaires sur les personnes qui tentent de dénoncer la stigmatisation sont généralement très violents. Je ne savais pas, à l’époque, si j’étais prête à rejoindre les rangs de celles et ceux qui dénoncent publiquement certains comportements nocifs encore tolérés au sein de notre société.

J’ai d’abord voulu créer un film sur le mouvement Body Positivity, en mettant de l’avant de jeunes femmes fortes qui, après avoir subi de la discrimination de toute sorte à l’égard de leur apparence physique, vivent aujourd’hui en confiance dans leur corps et bien dans leur peau. J’avais envie de partager un élément positif afin d’encourager d’autres personnes à leur emboîter le pas.

Mais, au bout de quelques mois de recherche, le projet a pris une tout autre direction, et c’était finalement pour le mieux. En discutant, mon producteur, Denis McCready, et moi avons conclu qu’il était important d’aller au cœur de l’enjeu et de garder en tête l’élément qui était primordial pour moi comme réalisatrice : contribuer à réduire la stigmatisation en exposant la réalité crue des gens qui subissent la grossophobie au quotidien.

Je savais par expérience qu’on commence souvent dès un très jeune âge à vivre cette discrimination et que non seulement les effets sur la vie des jeunes sont dévastateurs, mais qu’il s’agit d’un boulet que ceux-ci traînent ensuite tout au long de leur vie. Je savais également qu’il fallait aller plus loin qu’inciter les gens à s’aimer davantage, même si c’est primordial. En fin de compte, il est devenu clair qu’il fallait d’abord et avant tout exposer les conséquences psychologiques de cette discrimination afin d’amener celles et ceux qui ne la subissent pas à comprendre l’étendue et la gravité de cette stigmatisation, dans l’espoir de contribuer à un changement sur le plan des comportements sociaux.

À ce moment-là, il nous est apparu évident qu’il fallait concentrer nos efforts sur la jeunesse, là où tout commence, afin de partager l’expérience des jeunes et d’entamer les discussions sur celle-ci. Le soutien de la Dre Elizabeth Dettmer de l’hôpital SickKids a été un élément clé, qui nous a permis d’entrer en contact avec des jeunes filles prêtes à livrer leur histoire personnelle. Une partie de moi espérait, quand j’ai fait leur rencontre, les entendre me dire que, plus d’une décennie après que j’ai moi-même quitté l’école secondaire, les choses avaient largement évolué, mais ce n’était malheureusement pas le cas. Les témoignages des quatre adolescentes du film étaient poignants et j’ai compris à ce moment-là qu’il était important qu’ils atteignent le plus de gens possible.

Josiane Blanc (Photo : Stephan Ballard)

L’idée que le film puisse voyager au sein des communautés et des groupes scolaires me plaisait beaucoup, car je savais qu’il pouvait aider à sensibiliser les enfants et les adolescents, qui grandiront et deviendront des adultes ayant plus d’empathie à l’égard de la différence. Et c’est ainsi que, deux ans après que j’ai écrit ma proposition, le film voit maintenant le jour. Que d’excitation !

Je tiens à remercier toute l’équipe du film, qui a grandement contribué à faire de ce projet ce qu’il est aujourd’hui. Ne voulant pas présenter les jeunes à l’écran au risque de les exposer à plus de discrimination qu’elles n’en vivent déjà, des illustrations à l’univers sonore, nous avons toutes et tous travaillé pour donner vie à leurs émotions. Ce fut une création collective, un beau grand défi !

On décrit la grossophobie comme la dernière forme de discrimination acceptée socialement. L’image de la personne grosse, fainéante, malpropre et qui mange à outrance persiste au sein des médias, ce qui, en 2020, est bien triste. Toutefois, j’ai l’espoir qu’avec le nombre de personnes qui se sont mobilisées au cours des dernières années afin de la dénoncer, nous nous dirigeons dans la bonne direction pour opérer un changement réel, et je suis fière que Contes d’une grossophobie ordinaire puisse prendre part à celui-ci.


VISIONNEZ CONTES D’UNE GROSSOPHOBIE ORDINAIRE

Contes d’une grossophobie ordinaire, Josiane Blanc, offert par l’Office national du film du Canada

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