Première impression : partager son histoire d’immigration

Première impression, un projet de notre studio interactif anglais, consiste en une collection des premières photos que de nouveaux arrivants au Canada ont envoyées à leurs amis et aux membres de leur famille restés au pays.

Présentées sur un fil Instagram, ces images et leurs légendes forment une vaste mosaïque des premières impressions ressenties dans ce nouveau milieu.

Voir le Canada d’un nouvel œil

On dit souvent du Canada qu’il est une « nation d’immigrants », ce qui peut sembler un lieu commun. Même ceux qui considèrent l’immigration comme un élément fondamental de l’identité canadienne n’ont pas nécessairement idée de ce que vivent les personnes qui quittent leur pays pour s’installer dans un autre. Ce projet vise justement à mettre en lumière leurs touts premiers moments ici pour montrer, de la manière la plus élémentaire qui soit, ce que ça signifie de déménager au Canada.

« Identité canadienne et immigration sont indissociables dans les conversations, mais on parle souvent de cette dernière en termes statistiques seulement, explique le producteur Nicholas Klassen. Ce qui est formidable dans ce projet, c’est la façon dont il humanise l’immigration et la facilité avec laquelle les gens comprennent les défis qu’elle comporte. »

« Quiconque a déjà vécu ailleurs peut s’identifier au fait de transmettre ses premières impressions à ses proches restés au pays, à ce mélange d’euphorie et d’appréhension qu’on ressent dans un nouvel environnement. »

Instagram, la plateforme idéale

Le partage de photos constitue un mode d’expression universel. Une manière de nous rapprocher les uns des autres. Parcourez n’importe quelle plateforme de photos et vous verrez à quel point on peut se sentir proche de personnes qu’on n’a jamais rencontrées. Tout le monde peut ainsi être sensible aux petits — et grands — moments du quotidien d’autrui.

Première impression est né d’une idée simple : intégrer des histoires individuelles à une compilation plus large pour raconter une histoire collective. Comme ces histoires se composaient d’une photo et d’une légende, la décision de les présenter sur Instagram — sans doute la plateforme de partage d’images la plus utilisée de la planète — relevait de l’évidence.

Vision créatrice

La documentariste primée Joella Cabalu assure la prise en charge du projet. D’origine philippine, mais Vancouvéroise d’adoption, Joella est née aux États-Unis, a grandi à Brunei et est arrivée au Canada à l’âge de six ans. Sa propre histoire illustre à quel point les expériences des immigrants peuvent être riches et multiples.

Nous avons pris contact avec Joella il y a un an et demi. Elle s’employait alors à développer des projets documentaires sur des immigrants de première et de deuxième génération, et dévorait des mémoires et des romans d’auteurs canadiens (ceux de Scaachi Koul et David Chariandy, notamment) relatant la façon dont eux-mêmes avaient grandi en tant qu’enfants d’immigrants.

« En m’inspirant du projet Humans of New York, lequel connaît un immense succès, j’ai compris la puissance des photographies et du récit au je pour transmettre des histoires. Telles des machines à voyager dans le temps, les photos communiquent les sentiments du moment présent et nous amènent à réfléchir au fait que le temps a filé depuis, dit-elle. J’ai été attirée par la résonance et l’accessibilité de Première impression : ni les participants ni les personnes qui visionnent le projet n’ont besoin d’être des artistes avec un grand A pour soumettre une photographie ou comprendre la collection d’histoires. »

L’objectif de Joella Cabalu est de mettre en valeur la multitude d’expériences, d’émotions et de situations des nouveaux arrivants.

« J’espère que le public se rendra compte que le voyage migratoire est complexe et nuancé, qu’il y a une tension entre le sentiment de gratitude et d’euphorie que provoque l’arrivée au Canada et la solitude puis la tristesse d’être séparé de ses proches. »

« Sur le plan personnel, je suis devenue plus sensible à l’immense courage qu’il faut aux nouveaux arrivants pour s’établir dans un autre pays et adopter une nouvelle culture. J’espère que ce projet pourra susciter l’empathie chez ceux et celles qui en prendront connaissance. »