Voyez «J’aime les filles», court métrage sur les premiers amours, tous genres confondus
Bédéiste et cinéaste d’animation d’origine abénaquise, Diane Obomsawin a réalisé en 2016 J’aime les filles, dans lequel Charlotte, Mathilde, Marie et Diane racontent leurs premières histoires d’amour.
La réalisatrice nous explique l’idée derrière le film.
Un beau jour, il n’y a pas si longtemps, je me suis souvenue que chaque fois que je changeais d’école lorsque j’étais enfant, je choisissais une fille avec qui j’allais tomber en amour en secret. Comme j’ai changé d’école quatorze fois, j’étais souvent amoureuse. Ensuite, j’ai gardé cette habitude pendant plusieurs décennies sans en avoir vraiment conscience.
Au moment où je me suis rappelé ce détail, je lisais un livre de Michel Tremblay dans lequel il explique qu’à l’âge de seize ans il a pris conscience de son homosexualité en constatant que chaque fois qu’il voyait un couple s’embrasser, sur la page couverture d’un livre ou au cinéma, il s’identifiait toujours à la femme recevant le baiser de l’homme.
J’aime les filles, Diane Obomsawin, offert par l’Office national du film du Canada
Comme j’étais curieuse de connaître d’autres récits au sujet des attirances pour une personne du même sexe, j’ai recueilli le témoignage de plusieurs amies en leur posant cette question : « Quel est ton premier souvenir d’une attirance pour une autre femme, que ce soit conscient ou semi-conscient? » Dix de mes amies m’ont fait confiance et m’ont raconté leurs histoires, que j’ai ensuite adaptées en bande dessinée.
De la BD au cinéma
Plus tard, avec mon producteur Marc Bertrand à l’ONF, nous avons voulu en faire un film d’animation. Nous avons choisi quatre histoires : la plus romantique, la plus drôle, la plus triste et la plus autobiographique.
Le titre J’aime les filles fait référence à la chanson de Jacques Dutronc, qui est une icône de la séduction. J’aimais l’idée que les femmes s’approprient ce qui est d’habitude réservé aux hommes, comme l’amour des femmes, des cigares et de l’alcool.
C’était important pour moi de montrer une forme d’amour qui reste encore marginale au cinéma et dans la culture en général, mais en fin de compte, je pense avoir aussi fait un film sur les premières émotions amoureuses dans lequel tout le monde peut se reconnaître.