L’ONF s’engage à respecter votre vie privée

Nous utilisons des témoins de navigation afin d’assurer le bon fonctionnement du site, ainsi qu’à des fins publicitaires.

Si vous ne souhaitez pas que vos informations soient utilisées de cette manière, vous pouvez modifier les paramètres de votre navigateur avant de poursuivre votre visite.

En savoir plus
Grande fille! 10 questions à la réalisatrice Hélène Choquette

Grande fille! 10 questions à la réalisatrice Hélène Choquette

Grande fille! 10 questions à la réalisatrice Hélène Choquette

Du 17 au 19 octobre, voyez GRATUITEMENT le documentaire Grande fille!, le plus récent film d’Hélène Choquette sur le phénomène de la puberté hâtive, et préparez vos questions pour la Dre Céline Huot, pédiatre endocrinologue à l’Hôpital Sainte-Justine. Elle animera une séance de clavardage en direct sur le compte Twitter de l’ONF le 21 octobre à 14 h. Utilisez le mot-clic #grandefille. 

Après avoir exploré les univers de la traite de personnes au Canada (Avenue zéro, 2010) et des boxeurs birmans (Les poings de la fierté, 2012), la réalisatrice Hélène Choquette se penche sur un phénomène qui touche de plus en plus de familles occidentales : la puberté hâtive chez les jeunes filles.

Contrairement à il y a quelques décennies, il n’est pas rare aujourd’hui de voir apparaitre les premiers signes pubertaires chez les fillettes dès l’âge de 8 ou 9 ans. Il en résulte un décalage inévitable entre leur maturité physique et affective. Loin d’être une problématique marginale, la puberté hâtive est en voie de devenir une préoccupation de santé publique mondiale. Que se cache-t-il derrière ce phénomène? Quels en sont les causes et les effets?

Intitulé Grande fille!, le plus récent film d’Hélène Choquette sera diffusé aux Grands reportages sur les ondes de RDI le 9 octobre prochain à 20 h. Le film sera ensuite offert en visionnage GRATUIT pour un temps limité sur ONF.ca, du 17 au 19 octobre.

D’ici là, je vous invite à lire une entrevue réalisée dernièrement avec la réalisatrice du film. Elle nous y raconte d’où vient l’idée de ce film, nous confie ses intentions et nous présente l’équipe qui a travaillé avec elle sur ce documentaire destiné avant tout aux familles et au milieu de l’éducation.

10 questions à la réalisatrice Hélène Choquette

Catherine Perreault : Comment avez-vous eu l’idée de réaliser ce documentaire sur la puberté hâtive chez les jeunes filles?

Hélène Choquette : L’idée originale ne vient pas de moi. C’est Monique Simard, ancienne directrice générale du Programme français de l’ONF, qui y a pensé en premier. Colette Loumède, directrice générale du Programme français par intérim, et Nathalie Cloutier, productrice, m’ont ensuite approchée pour m’offrir de réaliser le film.

À mes yeux, c’était un gros défi. Je devais faire arrimer deux angles distincts : celui de la recherche, où tout reste encore à prouver, et celui du témoignage des filles, qui m’ont confié des situations très concrètes.

Avez-vous déjà été témoin de puberté hâtive dans votre entourage?

J’ai une cousine qui a traversé une puberté hâtive. Je me souviens que certains membres de ma famille la trouvaient immature. En réalité, elle avait la maturité de son âge, mais nous étions confondus par son physique d’adulte. Elle avait seulement 12 ans à l’époque.

Camille Rouleau-Mailloux
Camille Rouleau-Mailloux

Camille a 20 ans aujourd’hui et elle fait partie des jeunes femmes qui témoignent dans mon film. C’est la première fois que j’approche un membre de ma famille pour participer à l’un de mes projets. Je suis généralement beaucoup plus pudique!

Comment avez-vous construit votre film?

Le projet comporte trois angles : social (l’expérience vécue par les filles), scientifique (les recherches) et psychologique (le point de vue des psychologues et autres intervenants). Je voulais faire un film à la fois informatif et éclairant, tout en dédramatisant le sujet, qui demeure plutôt tabou aujourd’hui.

Le film comporte aussi des séquences animées, réalisées par une équipe de quatre animateurs de l’ONF : Brigitte Archambault, Fred Casia et Eva Cvijanovic, sous la supervision d’Elise Simard. Ces scènes servent à montrer le côté rébarbatif de la puberté. L’animation apporte un brin d’humour et d’autodérision, ce qui est très important pour dédramatiser la puberté.

Grande fille_animation_640

D’ailleurs, la comédienne Catherine Trudeau a fait un excellent travail avec la narration de ces séquences animées. Elle réussit à avoir le ton juste, quelque part entre l’humour et la confidence. Elle a une voix jeune, celle d’une amie, et elle ne se prend pas trop au sérieux. Lorsque j’ai montré le film aux participantes, elles ont tout de suite apprécié ces portions animées.

Pouvez-vous nous parler de votre démarche pour étudier le sujet de la puberté hâtive?

Je n’ai pas fait le travail de recherche toute seule. J’ai eu l’aide de Nancy Marcotte et de Micheline Bélanger. Micheline nous a aidés à trouver les filles et Nancy m’a accompagnée dans la recherche scientifique. Elle a effectué toutes les recherches préliminaires et trouvé une trentaine d’études sérieuses sur le sujet.

Ensuite, on a ressorti le nom des principaux spécialistes dans le monde. Du moins, ceux qui reçoivent le plus de subventions. Les plus importants se trouvaient à Cincinnati, aux États-Unis, et à Copenhague, au Danemark. On a aussi approché des spécialistes d’ici qui s’intéressent à la question de la puberté hâtive.

Vous explorez quelques suspects potentiels dans le film, dont les perturbateurs endocriniens et l’obésité chez les jeunes. Après avoir rencontré plusieurs chercheurs et étudié le sujet en profondeur, êtes-vous en mesure d’en tirer des conclusions?

Le phénomène de la puberté hâtive est multifactoriel. Pour l’instant, aucune recherche n’a réussi à prouver ses causes exactes. D’ici quelques années, nous serons probablement plus en mesure de savoir dans quelle proportion chaque facteur a un impact sur le développement hormonal hâtif des jeunes filles.

À mon avis, il est impossible d’arrêter le phénomène. Son évolution est directement en lien avec nos habitudes de vie. Cependant, à force d’en discuter ouvertement, on devrait être en mesure de mieux accompagner les filles à travers tout ça. C’est un peu comme l’hypersexualisation chez les fillettes. On ne renversera pas la tendance demain matin, mais on peut mieux encadrer les jeunes. Il faut savoir aborder ces réalités et tenter de prévenir leurs répercussions négatives.

C’est le but de mon film : éviter les dérapages et dédramatiser le sujet de la puberté hâtive en l’abordant de plein front et en suscitant la discussion.

Grande fille_chercheurs_640

Entre temps, y a-t-il quelque chose que l’on peut faire pour diminuer les chances de puberté hâtive chez les enfants?

Je crois qu’il faut savoir ouvrir l’œil tout simplement : faire attention aux produits que l’on consomme en portant une attention particulière aux produits chimiques, par exemple. On peut aussi essayer de prévenir les facteurs de stress et d’obésité en encourageant une bonne nutrition et l’exercice physique. De plus en plus, on constate l’impact environnemental qu’ont certains produits de consommation sur nos vies et sur le développement du corps humain. C’est un peu notre responsabilité, en tant que consommateurs, de s’informer et de faire de meilleurs choix.

À qui s’adresse votre film?

Aux familles. Auparavant, la puberté se passait entre une mère et sa fille. Aujourd’hui, il faut la vivre avec son entourage élargi. Il est important d’inclure les pères et les frères dans la conversation. Ils sont eux-mêmes confrontés à cette nouvelle réalité. C’est ce que je voulais dire par « prévenir les répercussions négatives ». Certains garçons de 15 ou 17 ans peuvent facilement avoir de l’attirance envers une jeune fille de 12 ans qui a l’air beaucoup plus vieille que son âge. D’où l’importance de les inclure dans la discussion. Je souhaite vraiment que les garçons âgés de 12 à 17 ans voient le film.

Parlons de vos collaborateurs. Certains vous suivent depuis plusieurs années, comme le directeur photo Joël Provencher, qui a travaillé avec vous sur Avenue Zéro (2010), Enfants-coqs (2011) et Les poings de la fierté (2012). Comment décririez-vous votre travail d’équipe?

Quand ça fait plusieurs années que l’on fait ce métier, on peut s’entourer de collègues et de spécialistes avec qui l’on est à l’aise de travailler. Les gens de mon équipe sont totalement complices dans ma démarche. Même si l’on adopte des dynamiques différentes à chaque tournage, on s’adapte toujours et avant tout au sujet abordé.

J’ai la chance de travailler avec une équipe très talentueuse. Joël Provencher a reçu le prix Gémeau de la meilleure direction photo pour Avenue zéro. Pour sa part, mon preneur de son, Olivier Léger, est toujours très apprécié sur les plateaux de tournage. Quand l’ambiance s’alourdit, il est là pour détendre l’atmosphère. Chacun a son rôle à jouer.

Jérôme Minière signe la trame sonore. Est-ce la première fois que vous travaillez avec lui?

Oui, c’est la première fois. J’aime le côté planant et intime de sa musique. En même temps, Jérôme est capable d’explorer différents genres musicaux. Il a lui-même étudié en cinéma et son univers musical est toujours très imagé. Par exemple, pour Grande fille!, il devait explorer deux approches : la partie plus léchée, qui accompagne les témoignages intimes des jeunes filles, et la partie animée, qui se rapproche plus de la caricature.

Que souhaitez-vous le plus pour votre film?

Qu’il soit vu par un grand nombre de parents, d’enfants et de professionnels du milieu de l’éducation. Ce n’est pas un film à grand déploiement dédié aux salles de cinéma et aux grands festivals. C’est davantage un documentaire destiné à la télévision et au milieu scolaire.

D’un autre côté, Grande fille! est plus qu’un film éducatif avec une succession de théories scientifiques. Il comporte également un côté plus intime grâce aux témoignages des jeunes filles.

En bref, je souhaite que mon film suscite la réflexion et la discussion. Il faut que la puberté hâtive cesse d’être l’éléphant dans la pièce. J’aimerais que les professionnels du milieu de l’éducation connaissent le phénomène et sachent quoi répondre aux jeunes qui se posent des questions sur le sujet.

Avant le tournage, j’ai approché quelques écoles primaires pour leur demander la permission de filmer dans leur établissement. Dès que les comités décisionnels ont entendu parler du film, j’ai essuyé des « non » catégoriques de leur part. Le sujet était trop délicat à leurs yeux. Comme quoi il reste encore beaucoup de travail à faire sur le terrain…

***

Grande fille! d’Hélène Choquette sera diffusé à RDI le 9 octobre prochain aux Grands reportages. Le film sera ensuite offert gratuitement sur ONF.ca du 17 au 19 octobre, avant d’être accessible en téléchargement payant dans notre boutique numérique.

Ajouter un commentaire
  1. Je suis l’une de ces mères avec une fille de 10ans qui en a l’air de 14. Après un été en famille loin des regards de ses amies, amis et équipe école, les réactions à la rentrée ont eu un impact sur ma fille qui est devenu deux fois plus introvertie. Elle était déjà timide au départ, maintenant, elle est presque muette lorsque les gens parle d’elle comme çi elle n’était pas là.

    J’ai mis l’écoute du documentaire à l’agenda familiale pour ce soir. J’ai bien hâte.

    — Ariann Bouchard,
    1. Bonjour Ariann, merci pour votre témoignage très touchant. J’espère que le film vous aura apporté quelques pistes intéressantes.

      — Emilie Nguyen,

Commenter