Retour sur le documentaire des années 2000
De l’individuel à l’universel
L’année 2010 marque la fin de la première décennie du 21e siècle. Hé oui, déjà! L’occasion est belle de revenir sur la production documentaire des années 2000, de mesurer le chemin parcouru et de dégager quelques tendances. Au cours des dix dernières années, les différents studios du Programme français ont produit ou coproduit plus de deux cents films documentaires. Des cinéastes, débutants ou chevronnés, issus de tous les horizons sont venus témoigner des changements, des bouleversements qui ont marqué cette période, mais aussi raconter leur histoire personnelle, communiquer leurs réflexions, leurs interrogations et leurs appréhensions. Dans les années 2000, les films sont plus personnels, plus intimistes, et les cinéastes sont au cœur de leur film. Parfois, ils en deviennent même les personnages principaux. Toutefois, il ne s’agit pas nécessairement de films autobiographiques. Tantôt ils sont le résultat d’une enquête individuelle : Bacon, le film (2001), Pas de pays sans paysans (2005), Les épouses de l’armée (2007). Tantôt ils prennent la forme d’une quête personnelle : Les chemins de Marie (2005), Mon fils sera arménien (2004), Histoire de sable (2004). Les cinéastes ont le souci de passer par l’individuel pour aller vers l’universel.
Une grande inquiétude
Les années 2000 commencent dans l’inquiétude : une menace terroriste omniprésente à la suite des événements du 11 septembre; une économie qui se mondialise de plus en plus, qui fragilise les industries locales et bouleverse le marché du travail; des percées scientifiques (clonage, aliments transgéniques) que nous avons du mal à comprendre et desquelles nous nous méfions; l’explosion d’Internet et de ses réseaux sociaux qui changent nos façons de communiquer; une planète de plus en plus menacée par la surconsommation et la course effrénée à la rentabilité. Bref, le portrait n’est pas rose. Des films comme Clonage ou l’art de se faire doubler (2000), Les oubliés du XXIe siècle (2000), Bacon, le film (2001), Quelques raisons d’espérer (2001), René Dumont : l’homme-siècle (2001), témoignent de cette inquiétude.
Condition masculine et quête philosophique
En ce début de siècle, l’identité masculine est aussi questionnée. Des hommes de passage (2002), Le ring intérieur (2002), Le souffle du désert (2004), Rituel d’hommes (2006) sont des films qui laissent la parole aux hommes pour leur permettre d’exprimer leurs émotions, mais aussi qui questionnent leur rôle de père, s’interrogent sur leurs rapports entre eux et avec les femmes. Ce changement de siècle amène également des réflexions sur l’origine et le sens de la vie avec L’appétit d’Ève (2003) et Hubert Reeves, conteur d’étoiles (2002), sur les limites de la connaissance avec Ceci n’est pas Einstein (2003), et sur le rythme effréné dans lequel nous vivons avec L’homme trop pressé prend son thé à la fourchette (2003).
L’identité et la jeunesse
Au cours de l’année 2004 la question identitaire, qui s’était moins manifesté dans les années 1990, refait surface chez les francophones du Québec, les Acadiens et les membres des communautés ethnoculturelles. Les Acadiens de l’île (2004), Le temps des Québécois (2004), Histoire de sable (2004), Mon fils sera arménien (2004), reviennent sur les questions de la langue, de la culture et du sentiment d’appartenance. Ce questionnement fait ensuite place aux jeunes et à l’éducation. Avec des films comme Au nom de la mère et du fils (2005), Histoire d’être humain (2005), Le méchant trip (2005), Printemps fragiles (2005), Les enfants de la Couronne (2005), Une école sans frontières (2005), l’avenir des jeunes et leur place dans la société actuelle sont au cœur des réflexions des cinéastes.
Militantisme et regard multiculturel
Dans la dernière portion des années 2000, la présence des cinéastes issus des communautés ethnoculturelles est de plus en plus affirmée. Leurs films nous ouvrent d’autres perspectives, nous confrontent à d’autres réalités et suscitent de nouveaux débats. Le blues de l’Orient (2006), Le côté obscur de la Dame Blanche (2006), Le voyage de Nadia (2006), Les chevaliers d’Orlando (2007) et Sous la cagoule, un voyage au bout de la torture (2007) sont des exemples probants. Enfin, cette période s’achève avec des films militants qui soutiennent des causes et présentent des combattants, des résistants. Avec des films comme Au pays des colons (2007), Chroniques afghanes (2007), On a tué l’Enfant-Jésus (2007), Les épouses de l’armée (2007), Visionnaires planétaires (2009), La bataille de Rabaska (2008), Le monde selon Monsanto (2008), les préoccupations autour de l’environnement reviennent en force, mais aussi les causes sociales, comme les droit des femmes, l’accès au soin de santé, l’agriculture et la vie en milieu rurale.
Voici une sélection de dix titres qui sont représentatifs du début des années 2000, tant au niveau thématique que formel. Des films forts, touchants, parfois dérangeants. Certains ont fait beaucoup de bruit, d’autres sont restés dans l’ombre. À vous de les découvrir!
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Voici deux des films mentionnés plus haut, Bacon et Quelques raisons d’espérer. Pour visionner la sélection complète des documentaires des années 2000, cliquez ici.
Bacon, le film, Hugo Latulippe, offert par l’Office national du film du Canada
Quelques raisons d’espérer , Fernand Dansereau, offert par l’Office national du film du Canada
Il faut saluer le dévouement de ces journalistes et documentaristes pour des causes justes et utiles qui sont une alternative salutaire à la télé poubelle mais il est à déplorer que les droits des femmes, leurs luttes et leur identité en général ne soient pas plus développés ici (environnement, origine du monde, identité masculine, jeunesse,…). La voix des femmes doit se faire entendre et nous avons besoin de vous femmes et hommes de la profession pour que cela soit possible. Site osezlefeminisme!