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Laissez parler votre cœur, ou comment adopter les gens qu’on aime

Laissez parler votre cœur, ou comment adopter les gens qu’on aime

Laissez parler votre cœur, ou comment adopter les gens qu’on aime

Dans cette entrevue, la réalisatrice Marie Clements et la vedette de son nouveau documentaire Laissez parler votre cœur, l’artiste Niall McNeil, abordent les défis posés par le tournage d’un film centré sur l’être humain à l’ère de la COVID. On y discute du concept de la famille choisie, qui émerge souvent au sein des communautés théâtrales, et des nombreuses manières dont l’art nous invite à ouvrir notre cœur. 

À quoi le public peut-il s’attendre avec Laissez parler votre cœur ?

Marie : Nous espérons que le public fera connaissance avec M. Niall McNeil et découvrira son travail, son processus de création et la façon dont il s’y est pris pour rassembler sa famille de sang et celle qui est issue du monde du théâtre dans cette création unique. 

Niall : Je pense que le public pourra voir le film, et après la projection, nous aurons une discussion, tous ensemble, sur ce que nous avons retenu. 

Avez-vous déjà participé à un film comme celui-ci ?

Niall : Non, j’ai tourné dans d’autres films. Celui-là, c’est tout nouveau pour moi. J’ai joué dans l’autre court métrage de Marie Clements. J’adore faire des films. J’aime travailler avec Marie, en coulisse. 

Comment vous êtes-vous rencontrés ? S’agit-il de votre premier projet ensemble ?

Niall : Eh bien, remontons à notre première rencontre. J’ai rencontré Marie Clements lorsque ma tante Paula [Danckert], qui est ma tante, nous a présenté Marie. Ma tante est une amie de longue date de Marie Clements, depuis plusieurs années, et elle vient voir Bones of Crows, le film de Marie. Paula est dramaturge aussi. Cela signifie donc, je pense, que Marie et moi sommes des amis, et pas vraiment des partenaires à part entière. Donc oui, comme je l’ai dit, pour ce film, j’ai de l’expérience en cinéma et je dois être très patient avec Marie [rires]. J’ai également joué dans un autre film, Pilgrims, que Marie a réalisé. Il y avait moi et Kevin [Loring]. 

Marie : C’est sa tante Paula qui m’a présentée à Niall. Paula travaille dans le domaine du théâtre ; je collabore étroitement avec elle, par intermittence, depuis 20 ans. J’ai rencontré Ni et sa mère, Joan. Ils assistaient à mes productions, et puis je suis allée voir différentes productions que Niall avait écrites et dans lesquelles il jouait. Nous nous sommes donc rencontrés et avons commencé à assister à notre travail respectif, à nous soutenir lors des premières, puis à aller souper ensemble et à parler de nos activités et de nos équipes, en bien et en mal [rires]. Et puis, j’ai organisé des auditions pour un court métrage, et j’ai retenu Ni, Kevin Loring et Lorne Cardinal. Ils ont vraiment accompli un travail formidable. Parfois, Ni vient sur le plateau au début de la production et peint ce qu’il entend dans les premières lectures d’un scénario. C’est ainsi que s’est nouée une relation amicale et familiale. 

Comment s’est passée votre collaboration pour ce film ?

Niall : Ça a été un peu difficile. Je devais me montrer plus intelligent. J’adore le cinéma, parce que je veux être professionnel pour l’ONF. Mais je fais partie de l’ONF depuis six ans et je collabore avec Marie depuis lors. Je prenais le relais de Mike Mckinlay à la caméra vidéo. Mike Mckinlay a travaillé sur Droit devant avec Marie. C’est un autre film que j’ai fait avec lui. J’ai documenté les coulisses avec ma caméra. Marie a réalisé le film et moi, j’ai filmé comme ça. 

Marie : Oui, Ni a tourné quelques arrière-plans pour Droit devant, et puis bien sûr, nous avons travaillé avec Mike Mckinlay, notre directeur de la photographie pour Droit devant, mais aussi pour Laissez parler votre cœur. Et James Boatman, notre chef décorateur pour Droit devant, collabore maintenant avec nous pour Laissez parler votre cœur. Vous voyez, nous avons tendance à nous entourer des mêmes personnes parce qu’elles excellent et que c’est amusant. 

Droit devant, Marie Clements, offert par l’Office national du film du Canada

Marie, qu’est-ce qui vous a inspiré ce film ?

Marie : Paula et moi, nous avions parlé du travail de Ni, et je pensais à l’ensemble de son œuvre qui s’accumulait. Il n’a cessé de créer et de créer encore, et je me suis dit que ce serait chouette de lui poser quelques questions : « Qu’est-ce que tu crées maintenant ? » ou « Qu’est-ce qui t’inspire ? » Nous avons commencé à parler de la famille, puis de notre relation. Comme je ne savais pas certaines choses, j’ai demandé à Ni ce qu’il en était. Il m’avait annoncé très tôt que j’étais son ex-femme et lui, mon ex-mari. Je ne savais pas comment nous en étions arrivés là. 

Avec autant de personnes créatives sur le plateau, à quoi ressemblait la dynamique de travail ?

Niall : Eh bien, c’était un peu, c’était vraiment compliqué au début. Les gens, à Montréal… on a dû y aller. Colin et Manon sont des amis à nous. Les parents de Manon sont décédés, alors je suis devenu leur père. Ajneen est l’une de mes ex-femmes. C’est compliqué, vous savez. Entre autres parce que nous parlons de la façon dont je les rencontre, dont je fais leur connaissance. Je les connais depuis 1991. Je vais peut-être retourner à Montréal pour le 60e anniversaire de mon fils. Alors oui, c’est difficile de créer une famille, parce que mes parents… enfin, ma mère est grand-mère, mais pas encore, techniquement. 

Marie : Je me suis sentie vraiment privilégiée de pouvoir rencontrer tout le monde, et c’était génial de traverser le pays avec Zoom et de parler de manière plus approfondie de nos relations et de la façon dont Ni les tisse, de la façon dont il crée avec ces personnes, ce qu’elles sont et ne sont pas pour moi. Est-ce mon fils ? Ma fille ? Chaque jour, chaque moment débordait de vie, rien n’était mis en scène. Nous ne savions pas vraiment ce qui allait se passer, tout arrivait sur le moment. J’ai trouvé que c’était très fidèle à ce que nous sommes. Tous ces gens sont des artistes extrêmement talentueux, mais ce sont aussi des personnes formidables. Nous nous sommes donc beaucoup amusés. 

Niall : Oui, beaucoup. 

Comment s’est déroulé le tournage pendant la pandémie ?

Niall : Oh là là ! La pandémie nous a fait du mal. Pendant le film, nous avons dû porter des masques, j’ai dû me protéger, et elle et moi avons dû nous séparer. C’est la raison pour laquelle nous utilisons Zoom, parce que Colin et Manon se trouvaient d’un côté de l’autre salle, pour ne pas nous transmettre la COVID. C’est pourquoi nous avons organisé des réunions et informé les gens qu’il fallait prévoir de l’espace. Le cinéma, c’est super, mais pas avec la COVID. 

Marie : Nous avons eu du mal à trouver un moyen de travailler, car nous pensions au départ sillonner le pays, prendre l’avion, passer du temps ensemble et tourner sur place, en personne. 

Niall : Il n’y avait que moi et Marie dans l’équipe et pas vraiment ma mère. Maman est la seule personne qui s’occupe de moi. Si nous avions traversé le pays, j’aurais été tellement fatigué. 

Marie : Tourner pendant la COVID recelait quand même une part de joie, parce que nous avons pu nous parler et voir les gens sur Zoom et créer quelque chose, du moins nous l’espérons. Quelque chose d’unique pour nous, mais aussi pour l’époque. Nous ne pouvions pas rester dans la même pièce, pourtant les familles aiment se retrouver dans le même espace, donc c’était un cadeau de pouvoir faire le film malgré tout. 

Marie, depuis que vous travaillez avec Niall et sur ce projet, qu’avez-vous retenu de sa structure familiale ? Appliquez-vous une partie de cette ouverture d’esprit pour faire entrer des gens dans votre propre famille ?

Marie : Quand on a grandi dans le monde du théâtre, on a la chance de comprendre qu’une famille de sang, ça va de soi. Mais bien souvent, au théâtre et au cinéma, on adopte les gens qu’on aime. Nos familles s’élargissent lorsque nous nous reconnaissons mutuellement par le cœur, et je crois que c’est ce que Ni a toujours fait. Et c’est tout à fait réel. Très tôt dans notre rapport, il m’a dit que j’étais son ex-femme et que nous allions être amis. Nous avons rompu, mais nous sommes restés amis, pour la vie. Et je pense que c’est très clair pour Ni : les relations se transforment. Il le comprend bien mieux que la plupart des gens que je connais. 

Niall : Oui, c’est vrai, mais ce qui est vrai, c’est que Marie est une bonne amie à moi. Ce qui est vrai, c’est que Marie et moi travaillions déjà ensemble, et non l’inverse. Je veux travailler avec elle en permanence, mais en ce moment, elle tourne une série télévisée, Bones of Crows, et aujourd’hui est donc le seul jour où je peux la voir. Je ne suis pas vraiment amoureux d’elle : elle m’a manqué comme amie, pas comme « ex ». 

Marie : Les relations changent et se transforment. Pourtant, nos cœurs restent liés l’un à l’autre, d’une certaine manière, comme amis. 

Quels sont vos projets après ce film ?

Marie : Niall fait beaucoup de choses. Il a tellement de projets en cours. 

Niall : Eh bien, je peux compter sur une subvention composite pour trois projets. Le premier, c’est Cowboy Tempest Cabaret avec Lucy et moi. Nous nous connaissons depuis… longtemps, nous sommes amis de longue date, depuis 2016. On parle de ce qui se passe à propos de Tempest et de ce genre de choses. C’est mon projet, c’est l’un d’entre eux. 

L’autre est terminé, il s’appelle The Originals. C’est un documentaire sur les personnes qui ont créé le Caravan Farm Theatre en 1971 ou 1972 : Elia Kirby, Tallis Kirby, Sergio Kirby, Paul et Nans [Kirby]. C’est le deuxième projet. 

Et je suis en train de tourner Beauty in the Beast My Life, intégralement sur moi comme artiste et sur la façon dont je dicte mes paroles. Je vais bientôt recevoir un nouvel ordinateur. Je tourne aussi de petites séquences sur Vancouver, pour documenter les choses. Je suis très occupé. Je travaille dans une épicerie, alors je ne réussis pas vraiment à me concentrer. 

Pour en revenir à Laissez parler votre cœur, au tout début, mon personnage joue en quelque sorte le rôle du commandant et il est triste de s’être fait trouer la cervelle. [Marie], tu veux en parler ? 

Marie : J’ai appris que j’avais rencontré Ni à son retour de la guerre, et qu’il avait subi une très mauvaise blessure à la tête. C’est là que je l’ai vu et que j’ai espéré pouvoir l’aider, et c’est là que nous avons appris à nous connaître. Il était commandant pendant la guerre. 

Avez-vous vu Laissez parler votre cœur ?

Niall : Oui, et je trouve que c’est vraiment bien fait. J’ai très envie de le revoir, mais sur grand écran. On doit pouvoir parler à quelqu’un qui a pu le voir. Je veux assister à tout, mais sans le problème de la COVID. Je pensais aux tests de la COVID-19. Si nous n’attrapons pas cette maladie, c’est bien, et alors nous pourrons voyager pour voir les gens à Toronto, montrer le film et le présenter dans des festivals. 

Le film correspond-il à ce que vous imaginiez ?

Niall : Je crois bien que oui. 

D’après vous, qu’est-ce que le public va retenir de ce film ?

Marie : J’espère que les gens penseront à leur propre famille et aux familles qu’ils ont créées dans un esprit d’ouverture et sans jugement. Et que le public ressentira de la joie à reconnaître les gens pour ce qu’ils sont. J’espère que les gens apprendront à connaître M. Niall McNeil, son travail artistique et le fait que sa démarche, comme artiste, a toujours reposé sur l’inclusion de toutes choses, et parfois en simultané, ce qui procure une joie incroyable. 

Niall : Je pense que ce sera bien d’entendre mes enfants s’exclamer : « Ouais, bravo, papa ! » Ce serait chouette d’organiser une fête pour la première, à Vancouver ou à Toronto. Nous n’avons pas parlé du voyage, mais nous allons voir ça avec ma productrice, Shirley Vercruysse, pour savoir si nous pouvons nous déplacer. Nous devons signer des papiers sur le respect des règles pour la COVID. Je veux commencer à le faire pour que le public puisse voir le film, y réfléchir, laisser reposer ce qui monte et se dire : « Hé, bien joué, comment pouvons-nous faire un don ? » Si Marie le veut ou non. C’est vraiment à elle et à son entreprise de décider. 

Marie : Ce que nous voulons, c’est que les gens nous donnent de l’argent pour notre prochain projet [rires]. 

Marie, que ressentez-vous lorsque vous regardez le film ?

Marie : Je ne sais pas toujours où l’on s’en va, mais je suis heureuse d’accompagner Niall et de découvrir ce qui nous attend. Quelles sont les possibilités ? Et maintenant ? Où en sommes-nous ? Que va-t-il se passer ? Beaucoup de grandes questions pour des esprits artistiques, mais nous avons trouvé une sorte de maison qui intègre nos activités, nos identités. 

Niall, vous êtes un artiste si polyvalent. Quel est votre moyen d’expression préféré ?

Niall : Parfois, je vais dans mon studio et je réalise des collages. Si j’ai fait une sieste ce jour-là, je me lève frais et dispos, j’ai la tête vide, puis je vais dans mon atelier. Je m’assois pendant une minute et je décide ce que je dois peindre et quelle est l’histoire qui sous-tend la peinture. Il ne s’agit pas seulement de peinture, mais aussi d’esquisses. Je délaisse parfois l’art pour filmer. Je dois m’entraîner avec Alex, peut-être dans la matinée. Je m’entraîne avec des poignées, pour m’améliorer avec ma caméra, pour mieux filmer. Et pour le jeu d’acteur, je suis vraiment doué, mais je ne me souviens pas de ce que j’ai fait. 

Depuis combien de temps jouez-vous ?

Niall : J’ai commencé quand j’avais cinq ans. Je suis né en 1982, à Ottawa. Toute ma vie, mes parents m’ont emmené à la ferme, à Caravan, depuis que je suis bébé, jusqu’à mes 40 ans. Cela fait 40 ans que je fréquente la ferme. Je suis donc un véritable enfant de Caravan. 

Quel est le message de Laissez parler votre cœur ?

Marie : L’ouverture, je suppose; accueillir les gens dans nos vies, les laisser prendre la place qui leur revient comme membres de la famille, parce que c’est plus simple et plus compliqué et que, souvent, c’est simplement la bonne chose à faire. Ces relations sont importantes et ne nous arrivent pas sans raison. 

Niall, comment était-ce de voir toute votre famille travailler ensemble dans ce film ?

Niall : Ma grande famille, ma famille de sang, c’est mon père et ses enfants. Il vit si loin et il vieillit. Avoir une famille, c’est fatigant. Je vais aller voir mon père, je ne sais pas encore à quel mois. Et la famille que Marie et moi avons créée — Steven, Lois et Colin —, ils sont adultes maintenant et ils ont leurs propres enfants. Marie en est la mère, et moi, le père. Dans le cas de l’autre famille, la famille Niall McNeil, un des enfants s’est exclamé : « Hé, papa, tu veux sortir avec moi, papa ? » C’est la seule chose qu’ils disent, mon nom ou celui d’un parent. Je suis d’accord avec Mme Clements. Nous devrions voyager, mais la sécurité n’est pas assurée. J’ai mon programme de jour, demain, et maman vient aussi, de 10 h à 15 h. 

Marie, comment le film a-t-il évolué depuis l’idée initiale ?

Marie : Ni et moi avions exploré quelques pistes qu’il souhaitait aborder, examiner, étudier, puis nous les avons soumises à l’ONF. Lorsque la production a commencé, nous avons suivi l’imagination de Ni, et donc certaines de ces idées originales se retrouvent dans le film. Par la suite, nous sommes allés dans des endroits inattendus. C’est représentatif de la façon dont les artistes travaillent : nous proposons des choses et nous les modifions une fois à l’intérieur du processus. Nous y avons été fidèles. La nature de l’œuvre évoluait constamment, se transformait, devenait plus grande, plus brillante ou plus étrange. C’est comme ça que tout a évolué. 

Si vous deviez décrire le film en quelques mots, que diriez-vous ?

Marie : J’aime le titre, car il suggère en fait de déposer son cœur — le déposer, être ouvert, déposer sa vie et voir ce qui se passe. Je pense que le titre est vraiment bien choisi. Voir des gens déposer leur cœur, ne pas avoir peur d’entrer en contact les uns avec les autres et se montrer ouverts à tout ce qui peut arriver. Comment le décrirais-tu, Niall ? 

Niall : Eh bien, j’aime le titre, je veux le garder ainsi. J’ai écrit un scénario et réalisé une production théâtrale, King Arthur’s Night, et j’ai appelé la chanson Lay Down Your Heart à partir des paroles que j’avais inventées pour King Arthur’s Night, au Neworld Theatre. J’y travaille toujours depuis environ 15 ans. 

Qu’est-ce qui vous attend ensuite ?

Niall : Après le film, je vais me reposer. Je pense que c’est bon pour moi. Je ne sais pas ce que Marie va faire. Je pense que ça pourrait bien être un super film ! 


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