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L’installation TRACES à l’Expo 2020 Dubaï : les conséquences des changements climatiques saisies en plein vol

L’installation TRACES à l’Expo 2020 Dubaï : les conséquences des changements climatiques saisies en plein vol

L’installation TRACES à l’Expo 2020 Dubaï : les conséquences des changements climatiques saisies en plein vol

L’installation artistique TRACES convie le public à méditer sur la disparition imminente d’une partie des espèces et des paysages qui composent notre environnement. Présentée au pavillon du Canada à l’Expo 2020 Dubaï jusqu’en mars dernier, cette production de l’ONF destinée à une exposition universelle entamera ensuite une tournée canadienne et mondiale.

Érigée à l’intérieur et en périphérie du pavillon du Canada à l’Expo 2020 Dubaï, TRACES est composée de huit boîtes dans lesquelles le public est invité à entrer pour interagir avec l’œuvre et réfléchir aux répercussions des changements climatiques.

Ces structures cubiques mettent en scène des envolées d’oiseaux, qui sont pour la plupart « fossilisés » dans des blocs lumineux de couleur ambre. Un peu comme si le temps se figeait pour que nous puissions songer à leur déclin, voire leur extinction.

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L’installation TRACES à l’Expo 2020 Dubaï

Gerry O’Leary

Conçues pour être visitées sans ordre préétabli, les boîtes portent des titres évocateurs : Le joyau, La proximité, La commémoration, Les oubliés, Le pupitre, Le rassemblement, Le sanctuaire et La conscience. Elles forment un ensemble poétique qui sensibilise le public à un enjeu planétaire crucial tout en suscitant divers sentiments, tels la tristesse, l’inquiétude et l’émerveillement.

« Je ne veux pas ignorer l’intellect. Mais, de prime abord, c’est si beau que cela crée un attachement », a déclaré Rami Bebawi, l’un des principaux concepteurs de TRACES. « Parce que je crois que les humains ont souvent besoin d’avoir une vision positive d’eux-mêmes pour faire de meilleures choses. Qu’ils peuvent redonner vie à la Terre. Et c’est ce qui sous-tend toute la nature interactive de l’œuvre. L’humain a véritablement un rôle à jouer en tant que participant, en tant qu’acteur. »

Une création collective

De nombreux artistes, designers et architectes ont mis la main à la pâte pour créer cette installation interactive à grand déploiement. Produite par l’ONF en collaboration avec Affaires mondiales Canada, TRACES a été conçue par le collectif d’architectes KANVA, qui en a aussi assuré la direction créative et artistique. Rami Bebawi a imaginé les formes cubiques de l’œuvre comme une réponse architecturale qui s’harmonise avec le pavillon du Canada — une structure circulaire en bois évoquant les vastes étendues du pays et les moucharabiehs, cloisons ajourées des pays arabes.

VISIONNEZ TOUTES LES VIDÉOS DANS LES COULISSES DE TRACES SUR YOUTUBE

La création de cette œuvre fait aussi appel au travail d’Étienne Paquette, artiste indépendant et concepteur multimédia qui avait notamment donné naissance à Instrument à vent, une production du Studio interactif de l’ONF. C’est lui qui a doté les boîtes de leur interactivité visuelle et sonore, et notamment de leurs « résonances acoustiques » et de plusieurs éléments tactiles qui approfondissent la portée affective de TRACES. Par exemple, la boîte Le rassemblement présente quatre chaises sur lesquelles le public est invité à s’asseoir : le nombre de chaises occupées modifie l’environnement sonore, qui évolue d’agité à paisible à mesure que s’ajoutent des personnes assises, symbole de ce que nous pouvons réaliser en collaborant. Étienne Paquette a également réalisé d’importantes recherches sur les sons et les facultés auditives des oiseaux, tout en poursuivant la réflexion artistique sur la mémoire et l’empreinte qu’il mène depuis une douzaine d’années.

L’entreprise montréalaise Creos s’est chargée de la direction de production en menant de nombreuses phases de prototypage, notamment en ce qui a trait à la création des blocs ambrés. L’œuvre a été conçue pour durer au moins sept ans et testée pour être présentée sous un éventail de climats variés, de Dubaï à Montréal.

50 ans d’expositions universelles

Avant le lancement de TRACES à l’Expo 2020 Dubaï, l’ONF a participé à six autres expositions universelles lors desquelles il a présenté sept œuvres originales ; des créations avant-gardistes en tous genres — films expérimentaux, récits animés, documentaires, expériences IMAX, IMAX 3D et IMAX HD ou installations interactives — qui ont toutes été des avancées technologiques au service du récit de leur époque.

L’ONF aux expositions universelles (1967-2020)

  • Expo 67 de Montréal : Labyrinthe (Roman Kroitor, Colin Low et Hugh O’Connor)
  • Expo 70 d’Osaka : The City (Kaj Pindal) et Canada, pays vaste (Rex Tasker et Jean-Claude Labrecque)
  • Expo 84 de La Nouvelle-Orléans : Au fil de l’eau (John N. Smith)
  • Expo 86 de Vancouver : Transitions (Colin Low et Tony Ianzelo)
  • Expo 92 de Séville : Momentum (Colin Low et Tony Ianzelo)
  • Expo 2010 de Shanghai : Impressions (Jean-François Pouliot)
  • Expo 2020 Dubaï : TRACES (KANVA)

Par exemple, il y a un peu plus de 50 ans, la toute première participation de l’ONF à une exposition universelle, celle de Montréal, consistait en un pavillon thématique intitulé Labyrinthe. Le public de l’illustre Expo 67 était convié à pénétrer dans trois salles distinctes. Dans une de ces salles, on découvrait le court métrage Dans le labyrinthe, présenté simultanément sur cinq écrans configurés en forme de croix.

Pour réaliser cette installation avant-gardiste, l’équipe de l’ONF avait dû concevoir une machine complexe composée de cinq caméras 35 mm synchronisées ; un défi de taille à l’époque. La réalisation finale, qui proposait un voyage intérieur au cœur de l’essence humaine — de l’enfance à la mort, puis à la renaissance —, a marqué l’histoire du cinéma… et l’imaginaire de ses centaines de milliers de spectateurs et spectatrices.

Un des pavillons les plus populaires, il a aussi été célébré par la critique locale et internationale, et a été à l’origine de la fondation de la société canadienne IMAX Corporation et de l’invention d’un nouveau format cinématographique, le 70 mm, 15 perforations, lancé à l’Expo 70 d’Osaka.

C’est dire combien, de l’Expo 67 de Montréal à l’Expo 2020 Dubaï, les formats, les outils de même que les techniques artistiques ont subi d’immenses transformations, et l’ONF a été un acteur dynamique et engagé à ce chapitre. Mais les habitudes et les attentes du public ont évolué tout autant. Ainsi, TRACES nous invite à prendre un moment d’arrêt nécessaire, pour songer à l’urgence des changements climatiques, mais aussi à notre rapport à l’art et au temps.

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