La crise d’Oka et la résistance mohawk, trente ans plus tard | Perspective du conservateur
Le 11 juillet 1990, la Sûreté du Québec (SQ) prend d’assaut la barricade érigée sur un petit chemin de terre par les Mohawks de la communauté de Kanehsatake. Depuis le mois de mars, ils s’opposent à un projet domiciliaire et d’agrandissement d’un terrain de golf que la municipalité d’Oka a approuvé et qui viendrait empiéter sur une pinède faisant partie de leur territoire.
Des bombes lacrymogènes sont lancées contre les opposants de Kanehsatake et les guerriers mohawks de Kahnawake et d’Akwesasne venus en renfort. Plusieurs coups de feu sont échangés.
L’intervention de la police provinciale tourne finalement à la tragédie. Le caporal Marcel Lemay, un agent de la SQ, est tué dans la fusillade. Les policiers décident de battre en retraite. Profitant de la confusion qui suit l’attaque, les manifestants renforcent leur barrage en bloquant, cette fois, la route 334. En apprenant la nouvelle, les Mohawks de Kahnawake, en soutien à leurs frères de Kanehsatake, bloquent le pont Mercier. C’est le début de la crise d’Oka.
Cette crise, qui a marqué à jamais les relations entre les Autochtones et les non-Autochtones au Canada et dont on commémore le trentième anniversaire cette année, la cinéaste Alanis Obomsawin en a tiré un grand film : Kanehsatake, 270 ans de résistance (1993).
Comme son titre l’indique, ce film est bien plus qu’un documentaire sur les événements d’Oka. Il met en lumière près de trois siècles de résistance de la nation mohawk contre l’envahissement de son territoire. Il s’agit d’un point de vue de l’intérieur, celui des Autochtones qui ont vécu la crise. Un regard unique sur l’affrontement entre les Mohawks, la SQ et l’armée canadienne à l’opposé des reportages télévisuels et des analyses journalistiques de l’époque. C’est une œuvre phare. Un film-choc. Un moment charnière dans l’histoire du cinéma autochtone. Il représente la consécration d’une cinéaste qui, sans relâche, depuis près d’une cinquantaine d’années, défend avec intelligence et sensibilité les causes des peuples autochtones au Canada et s’emploie, film après film, à faire entendre leur voix.
Je vous invite également à voir les trois autres documentaires réalisés par la cinéaste abéquanise sur la crise : Je m’appelle Kahentiiosta (1996), Spudwrench : l’homme de Kahnawake (1997) et Pluie de pierres à Whiskey Trench (2000).
VISIONNEZ Kanehsatake, 270 ans de résistance
Kanehsatake, 270 ans de résistance, Alanis Obomsawin, offert par l’Office national du film du Canada