L’ONF vu de l’intérieur : 7 portraits à découvrir
Si les murs du siège social de l’ONF, le long de l’autoroute 40 à Montréal, pouvaient parler, ils nous relateraient sans doute cet instant de génie de Norman McLaren ou ce discours inspiré d’Alanis Obomsawin.
Les lieux où travaillent quotidiennement les artisans de l’ONF à Montréal sont indissociables de la création. Les salles de projection, les salles de montage, les bureaux, les salles de conservation : ces endroits forment le décor du siège social de l’ONF depuis plus de 60 ans.
C’est pourquoi, avant qu’il déménage, nous avons souhaité immortaliser, à travers la lentille du photographe Stephan Ballard (@stephan.ballard), certains lieux du bureau central ainsi que les gens qui y travaillent.
Jean Paul Vialard, mixeur
« Des studios comme le Colin-Low, on n’en construit plus, aujourd’hui : tout est conçu à plus petite échelle. Tous ces gens qui sont passés ici, ça appartient à l’histoire; je m’en rends compte tous les jours. Surtout maintenant, puisque chaque fois que je collabore avec un cinéaste, je sais que nous travaillons ici ensemble pour la dernière fois. Chaque mixage devient par nature un peu plus symbolique. »
Alanis Obomsawin, cinéaste
« Dans mon bureau, il y a ici 50 ans d’archives, d’images ou de textes. Je termine en ce moment mon 53e film, on peut donc imaginer la quantité de documents. Je suis attachée à cet endroit, il s’y est passé tellement de choses, j’ai vu tellement de changements. Il y a beaucoup d’histoire ici. »
Don McWilliams, cinéaste
« La première fois que je suis descendu ici sur le plateau de tournage en 1971, tout l’espace était devenu un lac, et il y avait de vrais conifères et une cabane en bois rond. Un canot flottait sur le lac. Et dans le canot, il y avait l’actrice Jackie Burroughs.
Ce studio permettait tant de choses! Et on pouvait monter les éclairages comme on le voulait. C’était un lieu de tournage vraiment formidable! »
Lynn Smith, cinéaste d’animation
« En ce qui a trait à l’architecture, l’immeuble du 3155, Côte-de-Liesse n’est pas mon préféré. Je dois toutefois avouer qu’on m’a attribué un studio très chaleureux dans lequel j’ai réalisé l’animation de mon film La soupe du jour (et où je mets en ce moment la dernière main à What Rhymes with Toxic). Certains visiteurs ont fait remarquer que ce studio semble être un lieu inspirant : c’est peut-être parce que le fait de voir une personne animer « directement sous la caméra » sort de l’ordinaire. Et puis une création artistique en devenir qui peut aussi bouger produit un effet magique. Peut-être que je transmets ce sentiment d’émerveillement parce que je suis moi aussi éblouie. Toujours. »
Biagio Pagano, projectionniste
« Bien avant l’apparition des écrans bleus et des écrans verts d’aujourd’hui, nous utilisions ces projecteurs surdimensionnés pour projeter les images derrière un écran translucide alors que les acteurs se trouvaient devant l’écran. Sur le devant, une caméra synchronisée filmait le tout. La source lumineuse de ces projecteurs provenait de deux tiges de carbone. Le courant électrique passait d’une tige à l’autre et créait un arc électrique dans les airs, ce qui produisait de la lumière. Et lorsque [ces appareils] fonctionnaient, la fumée qui s’échappait par le haut donnait l’impression de provenir d’une cheminée de train … »
Albert Ohayon, conservateur de la collection anglaise
« Je n’ai pas vu tous les films qui se trouvent ici – je crois que ce serait à peu près impossible –, mais j’ai vu plus de 8 000 films de l’ONF au fil des ans. Ce qui est vraiment fascinant à propos des salles de conservation, c’est qu’elles contiennent des négatifs originaux en 35 et en 16 mm! S’attarder ici est absolument merveilleux. Il faut bien sûr se couvrir un peu parce qu’il y fait très frais : la température est contrôlée afin d’éviter que la pellicule se décompose. »
Geoff Mitchell, mixeur
« Je travaille ici depuis 23 ans maintenant comme mixeur et preneur de son. Dans le studio Chester-Beachell, mon lieu de travail principal, à présent, nous enregistrons les effets sonores, les voix, la narration et la musique – en tout genre. Le travail varie beaucoup d’une journée à l’autre, mais c’est toujours intéressant. Il s’agit d’un endroit particulier, à l’ONF, parce que nous créons les effets sonores à partir de zéro. »
« […] à travers la lentille du photographe Stephan Ballard […] »
Bonjour,
(Bon, encore un fatiguant qui signale des fautes de français…) En français correct, on dit plutôt « objectif ». « Lentille » est un calque de lʼanglais « lens ». Un objectif est généralement constitué de plusieurs lentilles, souvent rassemblées dans des « groupes ». (Cʼest pas à du monde de lʼONF que je dois apprendre ça…)
Jean-Marc Gélineau, Montréal