Surconsommation : le regard critique des cinéastes de l’ONF
Souvent, la critique de la surconsommation est d’ordre morale ou théorique : l’accumulation de biens matériels ne mènerait pas au bonheur. Notre matérialisme serait lié à notre individualisme, sorte de fragmentation superficielle d’une société désolidarisée. Mais en réalité, la surconsommation cache une réalité bien plus sombre que notre supposée corruption morale : il s’agit de la destruction sans merci de notre environnement, sans aucune considération pour les multiples systèmes qui en sont affectés ou carrément détruits. L’ONF a documenté cette offensive qui se déroule à tous les niveaux de la société.
Le parasitisme des puissants
Après L’erreur boréale, Richard Desjardins et Robert Monderie ont présenté Trou Story, une réécriture critique de l’Histoire de l’Occident, illustrant l’enthousiasme ravageur des financiers du monde entier pour les ressources naturelles, dans ce cas-ci, celles que nous trouvons dans le sous-sol du Québec. Ce film est une brillante synthèse du pattern de l’exploitation des ressources : impuissance quasi volontaire du corps politique face à l’investissement des multinationales exploiteuses, déplacement ou négligence des populations locales, désintérêt pour les conséquences environnementales, départ précipité des grandes compagnies une fois le territoire ravagé et responsabilisation des populations locales appauvries quand vient le temps de ramasser les dégâts, quand la chose est même possible.
Trou Story, Richard Desjardins et Robert Monderie, offert par l’Office national du film du Canada
Parle, parle, jase jase : les défis herculéens d’une résistance populaire
Avec son très pertinent Pipelines, pouvoir et démocratie, le réalisateur Olivier D. Asselin suit le parcours de quatre militants dans leur opposition au projet de pipeline Énergie-Est de Transcanada. La progression politique de la société civile y est merveilleusement bien documentée, via des soupers-causeries, des congrès, des entrevues, et des gestes de désobéissance civile souvent nécessaires à la prise de conscience collective. Ce que le film illustre, c’est que face à Goliath, il faut mille David, et même ça ne suffit pas nécessairement. Alors que Justin Trudeau s’éloigne de ses engagements verts et que Trump n’en a tout simplement pas, on peut imaginer que la résistance à venir sera difficile, comme nous l’illustre le combat actuel à Standing Rock.
Pipelines, pouvoir et démocratie, Olivier D. Asselin, offert par l’Office national du film du Canada
Exemple à NE PAS suivre dans le militantisme environnemental : Le jugement de Hadwin !
Silence, on creuse !
Le prix des mots raconte le combat long et difficile qu’a mené le chercheur québécois Alain Denault face à la poursuite carrément handicapante de Barrick Gold, une compagnie minière canadienne au centre de controverses inquiétantes en Afrique. Après la publication de son essai critique publié aux éditions Écosociété, le chercheur est poursuivi en justice, le moral affecté par la lutte inégale que représente cet affrontement.
Le prix des mots, Julien Fréchette, offert par l’Office national du film du Canada
Enterrer les premières victimes
La guerre de Wiebo est un film étrange et unique. Le chef charismatique d’une secte recluse voit ses animaux et ses enfants gravement menacés par la pollution de l’eau potable sur son territoire, face à une indifférence des autorités qui, plus souvent qu’autrement, défendent le pollueur plutôt que d’écouter les inquiétudes très justifiables des premières victimes de la surexploitation. Le film est un rappel sombre et poétique du chemin que nous avons tracé d’avance et des conséquences réelles et irrémédiables de notre soif collective pour l’argent.
La guerre de Wiebo, David York, offert par l’Office national du film du Canada
L’auteure Noami Klein a également présenté un portrait de la résistance, mondiale cette fois-ci, avec This changes everything, l’adaptation cinématographique de son plus récent essai. Sur le site de l’ONF, elle a présenté une liste de lecture fort pertinente pour bien saisir les enjeux environnements de notre époque. C’est à consulter!