L’ONF et la communauté LGBTQ : deux documentaires bouleversants
À l’occasion de Fierté Montréal, l’ONF vous suggère deux documentaires pour mieux connaître certains des mouvements qui animent la communauté LGBTQ.
Love is love
Pour des personnes animées par des sentiments et des pulsions qui sortent du cadre contraignant de l’hétéro-normativité, la discrimination peut être pernicieuse et continue. Les documentaires Quand l’amour est gai et Amours interdites dévoilent, via des témoignages lucides et touchants, les défis énormes qu’ont dû traverser des Canadiens et des Canadiennes à cause de leur orientation sexuelle.
Quand l’amour est gai, Laurent Gagliardi, offert par l’Office national du film du Canada
Amours interdites : au-delà des préjugés, vies et paroles de lesbiennes, Aerlyn Weissman et Lynne Fernie, offert par l’Office national du film du Canada
On parle ici d’oppression religieuse, de brutalité policière, mais aussi de tabous sociaux qui forcent des individus à cacher un pan entier de leur existence. Et dans le cadre d’une société qui opprime, et de structures familiales qui contrôlent, la désobéissance, la solidarité, l’introspection et l’exploration deviennent des atouts nécessaires à la survie. Quand il est impossible de s’afficher clairement devant ses collègues, quand les médias jettent un regard assombri sur des habitudes de vie, lorsque vos partenaires de longue date et votre famille vous rejettent à cause de cet élément de votre vie qui fait de vous qui vous êtes, on développe rapidement un rapport critique par rapport à la société, et on créé les règles de coexistence et d’harmonie en fonction d’une communauté ouverte et familière, plutôt que de tenter de se plier à un moule qui ne nous convient pas, fondamentalement.
Ces deux documentaires sont particulièrement touchants. Et importants. On y dévoile le caractère complexe des relations humaines lorsque celles-ci rencontrent des obstacles récurrents. Certains témoignages parlent d’un amour sincère et brûlant qui animaient des jeunes garçons et des jeunes hommes, qui ont rapidement eu à choisir entre la religion et l’amour, entre la famille et la transparence. On y dévoile des moments de tendresse et d’érotisme qui commencent tout juste à se rendre visibles dans les médias traditionnels, mais qui jusqu’ici ont consisté en d’énormes tabous limités par une morale sexuelle contraignante, héritage d’une culture judéo-chrétienne hétéro-normative. Un moment de tendresse entre hommes nus, à mille lieux de la pornographie. Un plaisir sincère à mener une double vie, à casser l’ordre établi, à désobéir avec des sœurs d’armes. La découverte de littérature érotique lesbienne dans un monde qui n’accepte pas ce mode de vie.
Il est important de raconter ces histoires. Dans les deux documentaires, des intervenants racontent la difficulté qu’ils avaient à trouver des œuvres de fiction qui pouvaient les représenter sans tomber dans les pièges standardisés d’une fin tragique pour ces protagonistes qui acceptaient leur orientation sexuelle non traditionnelle. Le récits offraient aux personnages des moments de libération intenses et spontanés, mais menaient inévitablement à des fins tragiques, de suicide ou de meurtres ou d’exil, ou simplement de conformité finale avec l’ordre établi.
Nous pouvons et nous devons désormais raconter ces histoires, montrer à tous qu’il est possible d’aimer, de désirer, de partager et d’apprendre sans être contraints par des discriminations parfois millénaires. Il est possible d’être soi et heureux. Parce que ce qu’on voit, dans ces documentaires, c’est qu’au final, il est impossible de ne pas être soi. L’amour et le désir sont des forces qui nous animent; quand notre environnement favorise la manifestation de ces pulsions, il y a harmonie. Mais quand elle les brime, tout ce qu’elle fait, c’est marginaliser des besoins et des sentiments naturels qui trouveront toujours un moyen de se réaliser, parfois au risque de nuire à son intégrité physique et à sa réputation. Mais l’être humain est capable d’amour. Même quand on veut lui en empêcher. En espérant que les progrès (significatifs, mais encore partiels) réalisés dans certaines sociétés progressives puissent se répandre le plus possible dans des coins du monde où il est encore impossible de nommer cet amour.
Mais quand nous pouvons, il faut nommer l’amour. Et il faut la célébrer. C’est le meilleur dont sommes capables.