La couleur de la beauté
Collaboration spéciale de Marie-France Côté.
La couleur de la beauté, Elizabeth St. Philip, offert par l’Office national du film du Canada
Dans ce documentaire, la réalisatrice de Toronto, Elizabeth St. Philip, s’est intéressée au peu de place qu’il y a pour les mannequins de couleur dans le milieu de la mode, que ce soit sur la fameuse passerelle de la semaine de la mode de New York ou dans un de ces magazines si populaires sur le marché. Qui compose ces images qui influencent une grande partie de la population? Selon les dires de Renée Thompson, le mannequin que nous suivons dans le film, elle se retrouverait souvent la seule représentante de couleur dans une audition, parmi dix ou quinze représentantes caucasiennes, même histoire sur le catwalk. Certains clients prennent même la peine de préciser aux agents qu’ils ne veulent pas d’ethnies.
Et si on engage un mannequin de race noire, vaut mieux que cette femme ait l’air « d’être trempée dans le chocolat », c’est-à-dire qu’elle a les traits d’une blanche…
Je me rappelle avoir été surprise par les couvertures de magazines et les panneaux publicitaires quand j’étais en voyage en Asie; en effet, les filles avaient toutes l’air d’être métissées, mi-asiatiques et mi-caucasiennes… Encore cette règle qui répond à la pression d’un canon de beauté unique, en manque de diversité.
Certains designers de mode disent que leur clientèle ne se retrouverait pas dans tant de diversité; d’autres acteurs de l’industrie affirment que l’argent est vert, et que ceux qui le possèdent sont blancs, ce serait donc eux qui dicteraient les règles du marché. Et qu’en est-il des clients qui participent à ce système socio-économique (incluant une grande clientèle de femmes de couleur) ?
Que ce soit à cause d’une controverse comme celle du Vogue américain, où l’on avait peint en noir le mannequin Lara Stone pour la couverture du magazine, ou les nommés de couleur aux Oscars, peu nombreux encore aujourd’hui, la représentation des artistes de couleur dans les médias a été un sujet populaire sur ce blogue [NDLR:Blogue de La Tête de l’emploi] et sur la toile. Vous pouvez voir ici le malaise du célèbre designer de mode Karl Lagerfeld sur la question.
Quoi faire pour faire évoluer la situation? L’argent que nous dépensons nourrit des systèmes, et il devrait refléter nos valeurs, alors pourquoi ne pas écrire une lettre à notre magazine ou designer de mode préféré pour demander plus de diversité ? Aussi, vous pouvez envoyer ce film à votre entourage ; nous avons remarqué lors de visionnages que plusieurs personnes étaient surprises du niveau de discrimination, ce qui nous confirmait que c’est encore un sujet trop peu médiatisé.
Aussi, La Tête de l’emploi en collaboration avec Schema Magazine lance un concours pour que vous nous partagiez vos histoires et votre perspective sur comment le racisme affecte l‘industrie de la mode (en anglais seulement).
Et nous lançons aussi un événement à Vancouver avec notre partenaire, Le Musée de Vancouver. Découvrez-en plus sur ce concours et événement sur le site de Schema Magazine.