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Documentaire : Walaa, policière envers et contre tous

Documentaire : Walaa, policière envers et contre tous

Documentaire : Walaa, policière envers et contre tous

Au camp d’entraînement, Walaa n’est pas la candidate parfaite. Prompte à la rébellion, dénuée d’esprit d’équipe, elle se heurte de plein fouet à la discipline et à la rigueur militaires et il s’en faut de peu qu’on l’expulse.

Mais il se trouve que cette adolescente sportive, garçon manqué en hijab qui s’est toujours sentie plus à l’aise sur le dos d’un cheval que derrière un bureau, a décidé de devenir policière. Et elle compte bien faire carrière dans les Forces de sécurité palestiniennes.

L’une des responsables de son entraînement la prévient : « Tu sais que je vais casser ton attitude. »

« Ouais? C’est ce qu’on va voir », réplique l’adolescente.

Son histoire se trouve portée à l’écran dans What Walaa Wants, une œuvre d’observation minutieuse s’inscrivant dans la lignée du cinéma vérité et réalisée par la documentariste Christy Garland.

Balata, Cisjordanie

Tourné sur six ans, le film se déroule entre la maison de Walaa à Balata, le plus vaste camp de réfugiés en Cisjordanie, et le centre d’entraînement des Forces de sécurité palestiniennes, à Jéricho.

Il est le fruit d’une coproduction internationale à laquelle participent trois intervenants : la société de production danoise Final Cut for Real, à laquelle nous devons notamment le documentaire de Joshua Oppenheimer The Act of Killing, nommé aux Oscars, la société américaine Murmur Media, propriété de Christy Garland, et l’Office national du film du Canada.

La productrice de l’ONF Justine Pimlott entend parler de Walaa pour la première fois en 2015, lorsque Christy Garland et Anne Köhncke, productrice de Final Cut for Real, proposent le projet à Amsterdam dans le cadre d’une séance de présentations à l’IDFA (Festival international du film d’Amsterdam).

« J’ai tout de suite été passionnée par leur présentation et par la protagoniste Walaa, dit Justine Pimlott. Il y avait là les éléments du récit classique du passage à l’âge adulte qui nous rappellent des adolescentes de notre entourage, voire celle que nous avons nous-même été. Mais dans ce cas-ci, les enjeux sont immenses en raison de l’endroit où vit Walaa et des défis qu’il lui faut affronter. J’avais vu les films précédents de Christy et je cherchais une occasion de collaborer avec elle, alors je me suis manifestée. »

Regardez l’extrait (en anglais seulement) :

Christy Garland fait la connaissance de Walaa Tanji trois ans plus tôt, alors qu’elle travaille à Game Girl Workshop, un programme éducatif mis sur pied par les artistes danoises Andrea Hasselager et Nevin Erönde. Le programme offre des ateliers sur le récit numérique à des filles ou à des jeunes femmes de diverses communautés de la Cisjordanie.

« À la fin, nous avons travaillé à Balata durant quelques jours et c’est là que j’ai remarqué Walaa, dit Christy Garland. Elle avait une très forte personnalité – drôle, perspicace, spontanée –, mais elle a fait aussi un peu de chahut, ce qui m’a amenée à me demander comment elle allait canaliser cette énergie infatigable et ce qu’elle attendait de la vie. »

Walaa et sa mère

Acclamée pour ses documentaires axés sur des personnages hors du commun, dont The Bastard Sings the Sweetest Song et Cheer Up, Christy Garland se trouve poussée vers cette jeune fauteuse de troubles. Elle communique donc avec Walaa et sa mère, laquelle vient à peine d’obtenir sa libération à la suite d’un long séjour en prison.

« Je leur ai dit qu’elles-mêmes et leur histoire m’intéressaient et je leur ai raconté des tas de choses à mon sujet. Elles se sont montrées prudentes, mais ouvertes à l’idée du film, et c’est là que tout a commencé. »

« Tout ce long processus n’a pas toujours été facile pour Walaa. Le fait que je lui braque ma caméra sous le nez, que je filme ses hauts et ses bas, les difficultés qu’elle a éprouvées durant la formation policière, sa peur de ne pas être à la hauteur et tout ça, explique la cinéaste. Mais elle s’est tant investie dans le projet, elle y a mis tant de courage, de générosité, de patience et de travail acharné que finalement, nous avons raconté l’histoire ensemble. La confiance s’est établie graduellement, mais il en a résulté une relation très particulière qui, je pense, nous a changées toutes les deux. »

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Des images du film « What Walaa Wants », de Christy Garland

ONF

« La prise de conscience survient toujours lorsque je présente le film aux personnes qui se sont ouvertes à moi et à ma caméra, poursuit Christy Garland. J’ai ressenti un énorme soulagement lorsque Walaa et sa famille ont vu la version finale. Ils l’ont aimée et ont été étonnés de constater à quel point leur expérience personnelle se trouve soudée à la situation politique de la région. »

Lors d’un tournage, la réalisatrice préfère se faire discrète et se charger elle-même de la caméra et du son. Il lui a ainsi été possible d’accéder assez facilement à la sphère familiale. Le tournage des scènes extérieures s’est toutefois révélé plus délicat.

« Nous avons été reconnaissants que les Forces de sécurité palestiniennes appuient ma démarche en vue de souligner la présence d’une jeune femme parmi leurs recrues. Mais il n’a pas été facile de filmer les scènes extérieures à Balata : au cours des soixante dernières années, bien des Occidentaux ont arpenté la région une caméra à la main. Et puis, je voulais m’assurer que le film n’aurait aucune incidence négative sur la famille de Walaa. Pour certaines scènes finales de rouleau B, nous avons fait appel au talentueux cinéaste palestinien Hanna Abu Saada. C’était manifestement plus facile pour lui et il a fait des images magnifiques de Balata, notamment le plan fluide du début qui nous conduit à l’intérieur du camp et qui a été filmé à l’aide de la perche Osmo. »

La barrière de la langue

Durant tout le processus, Christy Garland se fie étroitement aux indications de nature culturelle et au soutien pratique qui lui apporte Ekram Zubaydi. Coordonnatrice de projet au Centre palestinien pour la paix et la démocratie, celle-ci joue un rôle fondamental dans la production, s’absentant au besoin de son travail pour offrir son aide.

« Ekram a assuré un lien essentiel entre Walaa et sa famille et sans elle, le film n’aurait pas été possible, souligne la cinéaste. Je ne parle pas arabe et eux ne parlent pas anglais, mais au fil des ans, nous nous sommes tous rapprochés. La famille de Walaa m’a fait confiance parce qu’elle avait confiance en Ekram. Celle-ci connaît parfaitement la situation complexe des territoires palestiniens. Leader naturelle, Ekram est une féministe et une militante engagée à l’égard de la résistance pacifique. En ce sens, le film est devenu un prolongement de son travail habituel. »

Regardez l’extrait (en anglais seulement) :

Anne Köhncke, productrice pour la société Final Cut for Real, s’est d’entrée de jeu intéressée au contexte complexe et à la petite histoire qui s’y rattache.

« Le film nous fournit une occasion unique de raconter une histoire fondamentale en nous situant à l’intérieur même d’un conflit apparemment sans fin, dit-elle. Dans une région comportant l’une des populations les plus jeunes du Moyen-Orient, le point de vue de Walaa revêt autant d’importance que n’importe quelle opinion d’expert, sinon davantage, il me semble. Son histoire fait écho à l’adolescente en moi. Elle me parle de ce que signifie devenir une adulte au milieu de ce conflit, alors que sa résilience et son cœur me donnent une sorte d’espoir. »

Le montage commence à Toronto, où Graeme Ring effectue un premier assemblage, avant de se poursuivre à Copenhague, où Michael Aaglund met la dernière main au travail.

Le documentaire « What Walaa Wants », de Christy Garland

« Il est parfois difficile de trouver la structure, fait remarquer Christy Garland, mais Michael aborde le scénario avec rigueur et il a un instinct infaillible en ce qui a trait à la narration. Son esprit de décision m’a aidée à traverser ces moments difficiles où il m’a fallu laisser de côté certains éléments que j’aimais, mais qui n’apportaient pas vraiment quelque chose au récit. »

Réalisé par Christy Garland, What Walaa Wants est issu d’une coproduction entre les sociétés Murmur Media (Matt Code et Christy Garland, producteurs), Final Cut for Real (Anne Köhncke, productrice), et l’Office national du film du Canada (Justine Pimlott, productrice).

Quelques notes sur Christy Garland

On a comparé le documentaire à succès de Christy Garland The Bastard Sings the Sweetest Song, paru en 2012 et présenté à Hot Docs et au Sheffield Doc/Fest, aux œuvres de Bresson et des frères Dardenne. Liam Lacey, journaliste au Globe and Mail, a commenté le film en ces termes : « Inclassable : un documentaire relevant de l’allégorie, mais essentiellement le récit d’une histoire d’amour entre une cinéaste et ses protagonistes, prisonniers de l’intimité et de la cruauté qui façonnent leur existence. »

Cheer Up, l’œuvre la plus récente de Christy Garland, est le fruit d’une coproduction entre la Finlande et le Canada. Elle a été présentée en première à Hot Docs et à DOC NYC en 2016.

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