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Découvrir le basketball en fauteuil roulant grâce à la réalité virtuelle 360

Découvrir le basketball en fauteuil roulant grâce à la réalité virtuelle 360

Découvrir le basketball en fauteuil roulant grâce à la réalité virtuelle 360

Le comédien, metteur en scène et réalisateur André Roy vient de tourner La troisième roue, un court métrage documentaire en réalité virtuelle 360° réalisé dans le sud du Nouveau-Brunswick.

L’œuvre de 5 minutes présente les sœurs Alyssa et Renelle Belliveau, deux adolescentes atteintes d’atrophie musculaire spinale, et leurs camarades de classe (sans handicap) tandis qu’ils pratiquent ensemble le basketball en fauteuil roulant, sous la supervision de leur entraîneur Réhal Hébert.

Le cinéaste acadien nous raconte sa première expérience de tournage avec cette technologie, qu’il emploie pour faire « ressentir au lieu de raconter ».

Entretien avec André Roy, réalisateur de La troisième roue

Quel est l’élément déclencheur qui a donné lieu à La troisième roue?

Dans une autre vie, Réhal Hébert, le responsable du programme de parasports destiné aux jeunes à mobilité réduite, était mon capitaine de soccer universitaire. J’ai toujours suivi son parcours et je suis allé voir ce qu’il faisait. Quand je suis arrivé dans le gymnase de l’école, une dizaine d’élèves jouaient au basketball en fauteuil roulant. Mais à la fin, tout le monde s’est levé de son fauteuil sauf deux filles! C’était Renelle et Alyssa.

Le programme a été créé pour leur donner la chance de faire de l’activité physique, et tout le monde a embarqué. La communauté a aussi ramassé des fonds pour acheter les fauteuils multisports nécessaires. J’ai trouvé ça touchant et extraordinaire.

En quoi ce sujet se prêtait-il bien à la réalité virtuelle 360?

Le plus grand atout de la réalité virtuelle est ce qu’on peut offrir comme point de vue et comme sensations. Je ne voulais pas raconter l’histoire, je voulais la faire vivre.

J’ai placé la caméra à différents endroits, dont directement devant Renelle, à sa hauteur. Ça donne vraiment l’impression d’être là et de l’accompagner dans son quotidien! Il y a un autre point de vue derrière elle, et on a aussi fixé la caméra sur un trépied pendant la partie de basketball, qui est extrêmement dynamique. Le contraste des sensations entre le calme de tous les jours et le match de basket est vraiment intéressant.

André Roy et Renelle Belliveau lors du tournage de La troisième roue (Photo : Jac Gautreau)

En réalité virtuelle, le son joue aussi un très grand rôle : la machinerie, l’ascenseur, le bruit des roues… c’est tout un univers qui contribue aussi à nous donner la sensation d’être comme Renelle. Et comme le film est très court, on peut le revoir plusieurs fois pour découvrir les différents points de vue.

Comment pourra-t-on faire l’expérience de La troisième roue?

Il y a différentes formules : une fenêtre 360 directement sur Facebook, l’application Vimeo 360 avec un téléphone, les casques de réalité virtuelle en carton… Moi je monte le film avec le casque Oculus, et ça transmet très bien les sensations. C’était important pour nous que le documentaire soit accessible et on sait très bien que la plupart des gens n’ont pas l’équipement Oculus…

Le réalisateur André Roy (Photo : Jac Gautreau)

A-t-il été difficile convaincre les gens de participer au projet?

Réhal et les deux sœurs ont tout de suite été d’accord. Je sentais par contre que j’avais un grand devoir d’adopter une démarche originale parce qu’elles ont déjà été tellement sollicitées. Renelle et Alyssa ont donné plusieurs entrevues sur le programme et sur leur maladie. Mais je pense qu’elles ont compris que je voulais faire quelque chose de différent : plonger le spectateur directement dans leur quotidien. La troisième roue n’inclut pas d’entrevue avec elles, mais Réhal nous explique son programme et l’évolution des filles.

Quel équipement a été utilisé pour tourner le film?

Avec la collaboration d’une équipe venue d’Halifax, nous avons travaillé avec la Nokia 360, qui inclut 8 caméras. C’était ma première expérience avec cette technologie! Comme c’est très nouveau et qu’il n’y a aucune école pour l’apprendre, dès que j’ai su qu’on allait l’utiliser, j’ai commencé à lire sur le sujet et écouter des conférences en ligne. Mais la meilleure façon d’apprendre, c’est de l’utiliser!

André Roy explique aux participants le déroulement de la partie de basketball (Photo: Jac Gautreau)

C’était formidable parce que l’apprentissage s’est fait en équipe. Je pouvais compter sur Dimitri Médard, un ingénieur de son extraordinaire qui avait déjà de l’expérience en 360. J’ai beaucoup appris sur la conception sonore, mais aussi sur les « stitchs » – quand on raccorde les plans des différentes caméras –, et sur le placement de la caméra pour faire ressentir le mieux possible, sans que ce soit lourd ou gênant pour Renelle.

Est-ce que la grande planification requise par la réalité virtuelle 360 nuit à la spontanéité du documentaire?

Tourner en RV 360, c’est presque un mélange de documentaire traditionnel et de fiction : il faut pratiquement pouvoir concevoir la scène à l’avance. Comme la caméra est placée sur quelque chose de mobile, il y avait toujours un mouvement à prévoir et on devait assurer la sécurité des déplacements. Par exemple, pour les scènes de basketball, il fallait imaginer la séquence de jeu; sinon, la caméra risquerait de recevoir le ballon!

L’entraîneur Rhéal Hébert et André Roy examinent les possibilités du fauteuil avec la caméra installée derrière Renelle (Photo: Jac Gautreau)

J’ai vite réalisé qu’on mettait en scène une histoire et qu’il s’agissait de trouver comment déplacer la caméra pour qu’elle soit le plus efficace possible. Quand on tourne un film traditionnel, on utilise différentes caméras et on assemble ça au montage. Ici, pour tout mon film, j’avais 15 séquences filmées. Il fallait absolument qu’elles soient bien planifiées!

Donc oui, il y a tout l’aspect technique, mais c’était important de mettre ça de côté pour que Renelle se sente à l’aise. Je voulais aussi que ce soit naturel et vivant. On prévoyait et calculait beaucoup, mais après on laissait aller. Parce que c’est encore plus beau avec les imprévus.