L’ONF s’engage à respecter votre vie privée

Nous utilisons des témoins de navigation afin d’assurer le bon fonctionnement du site, ainsi qu’à des fins publicitaires.

Si vous ne souhaitez pas que vos informations soient utilisées de cette manière, vous pouvez modifier les paramètres de votre navigateur avant de poursuivre votre visite.

En savoir plus
Le top 5 de Joseph Elfassi, blogueur invité.

Le top 5 de Joseph Elfassi, blogueur invité.

Le top 5 de Joseph Elfassi, blogueur invité.

Un mois à l’ONF et voilà déjà que ma présence dans ces lieux tire à sa fin. Lors de ma première semaine, je contemplai les corridors de l’ONF, fasciné que j’étais par le riche héritage laissé par nos cinéastes célébrés mondialement. Eh bien, en quittant, je vais dresser ma liste des œuvres qui m’ont le plus marqué dans la collection impressionnante et quasiment infinie qu’on retrouve sur le site web de l’ONF.

 

1. La bête lumineuse

La bête lumineuse, Pierre Perrault, offert par l'Office national du film du Canada

Sans me qualifier d’expert sur le cinéaste, Pierre Perrault réside entre deux chaises créatives, soit celle du documentariste et du metteur en scène. Dans Pour la suite du monde, Perrault inspire à l’île-aux-Coudres le désir de renouer avec leur héritage de pêche aux marsouins. Il façonne encore les événements dans La bête lumineuse tandis qu’il invite le poète universitaire à accompagner un groupe d’amis à une semaine de chasse dans un chalet.

Ce qui s’ensuit est un chef d’œuvre de réalisation et de montage qui capte, tranquillement, à peu près tous les défauts de la nature humaine, et qui raconte cette histoire : un homme tente bruyamment, maladroitement, de s’inclure dans un groupe étranger en faisant accepter ses propres règles et sa façon de voir les choses, et se voit tranquillement, puis violamment, rejeter par le groupe attaché à ses habitudes et réfractaires aux interventions de l’étranger.

Bref, La bête lumineuse est une découverte ahurissante pour moi : un grand film d’un réalisateur qui a su peindre le portrait d’une nation à travers différentes œuvres.

 

2. Le confort et l’indifférence

Le confort et l'indifférence, Denys Arcand, offert par l'Office national du film du Canada

Qu’ont en commun La bête lumineuse et Le confort et l’indifférence? Maurice Chaillot! Dans le documentaire de Pierre Perrault, c’est l’ami compréhensif et discret, aux répliques assassines, qui philosophe avec la poète avant de se faire prendre par leurs amis les chasseurs. Dans ce documentaire de Denys Arcand sur le référendum de mai 1980 à propos de la souveraineté-association, c’est un intervenant excessivement attristé par l’échec référendaire du Parti Québécois. Par sa conception poétique de la nation, par son déchirement sincère, il redonne les lettres de noblesse au patriotisme, une notion qui peut rapidement mener à des excès.

Mais le documentaire n’est pas un cas de figure sur un souverainiste attristé. Plutôt, c’est une façon de tâter le pouls de la population la veille et le lendemain d’une décision vitale à propos de son destin. Tout y passe : analyse des discours politiques, débats enflammés, vox pops spontanés, conférences, et même l’interprétation du Prince de Machiavel par Jean-Pierre Ronfard. Long métrage documentaire frappant réalisé par un de nos plus grands cinéastes.

 

3. Lodela

Le plus proche compétiteur de Lodela, réalisé par Philippe Baylaucq, c’est le sublime Pas de deux de Norman McLaren. Pourtant, c’est Lodela qui l’emporte à mon avis : en partant d’un visuel époustouflant qui éclaire l’homme et la femme universels, on y créé deux danses parallèles, tournées séparément, qui se rejoignent grâce à un mélange habile de la chorégraphie, du tournage et du montage. Il est clair qu’une maîtrise approfondie de tous ces arts a été nécessaire à la création de cette vidéo-danse achevée et époustouflante. Car il s’agit, effectivement, de maîtrise : des corps, de la lumière, du mouvement, des contrastes. Un chef d’œuvre qui rend justice aux capacités libératrices et narratives de la danse.

 

4. Les nuits de Tokyo

Les nuits de Tokyo, Penelope Buitenhuis, offert par l'Office national du film du Canada

Le rapport avec l’étranger est souvent complexe : il peut aller de la xénophobie à l’imitation, en passant par la valorisation de certains stéréotypes. Les français peuvent craindre l’arrivée de plombiers polonais, les Indiens peuvent tenter de blanchir leur peau dans des conséquences étranges de l’héritage colonialiste, et les riches japonais tenteront de payer le plein prix pour être vus aux cotés d’hotesses : généralement des grandes blondes venues en sol nippon du Canada et des États-Unis pour se transformer en escortes nocturnes souvent platoniques.

Il est fascinant d’écouter les témoignages d’hommes d’affaires, d’anciennes ou actuelles escortes, d’épouses et de sociologues qui expliquent la situation de ces femmes, payées des sommes faramineuses par des hommes d’affaires excessivement riches pour qui la compagnie de jeunes femmes langoureuses est une composante essentielle de soirées plus ou moins informelles entre potentiels collaborateurs et clients. Le but : en mettre plein la vue à un potentiel partenaire pour lui faire passer une belle soirée et ainsi obtenir un contrat important. Comme le dit un des hommes d’affaires : si j’investis un million dans la soirée, le lendemain j’en sors avec un contrat d’un milliard.

Et les femmes sont comprises dans la facture.

 

5. RiP : Remix Manifesto

RiP : remix manifesto, Brett Gaylor, offert par l'Office national du film du Canada

Les méthodes traditionnelles de diffusion culturelle ont rencontré de sévères embuches avec l’arrivée d’Internet et des réseaux sociaux. Surtout, ce sont les grands disquaires et les compagnies de distrubution qui ont tout essayé (légalement, médiatiquement, politiquement) pour mettre fin à la culture de la gratuité qui prédomine sur Internet.

Tandis que certains paniquent, d’autres y voient les nouvelles possibilités de partage, les transformations potentielles et l’arrivée d’une nouvelle ère médiatique. C’est le cas de Brett Gaylor, réalisateur de ce long métrage documentaire, qui demande à l’auditeur de reprendre ce documentaire et de le changer à sa propre manière. Bref, en plus de défendre la culture du remix, via des portraits d’artistes et des explications didactiques de l’histoire des droits d’auteurs, il stimule cette culture du remix : en incluant des productions audiovisuelles de collaborateurs étrangers dans son film, en rendant son film disponible pour tout monteur avide d’adaptation virtuelle.

Il y a dans la voix et le propos de Gaylor la manifestation d’un réel espoir par rapport à l’avenir des médias et de la culture. Au lieu de combattre le changement et d’essayer de ralentir le progrès, Brett Gaylor, comme l’artiste Girl Talk dont il dresse le portait, décide de plonger tête première dans l’avenir. Cinq ans plus tard, ce documentaire est toujours aussi pertinent. Et inspirant.

 

Ajouter un commentaire

Commenter