L’ONF s’engage à respecter votre vie privée

Nous utilisons des témoins de navigation afin d’assurer le bon fonctionnement du site, ainsi qu’à des fins publicitaires.

Si vous ne souhaitez pas que vos informations soient utilisées de cette manière, vous pouvez modifier les paramètres de votre navigateur avant de poursuivre votre visite.

En savoir plus

Philippe Baylaucq à Tokyo, 2e partie : visite des laboratoires de la NHK

Collaboration spéciale de Philippe Baylaucq.

Philippe Baylaucq est de retour de Tokyo, au Japon, où il présentait son film Le magicien de Kaboul à l’ambassade du Canada. Il nous livre ici ses impressions de voyage. CW

*     *     *

Le matin est frais, le ciel d’un azur exceptionnel pour Tokyo. À l’entrée Ouest du gigantesque complexe de la NHK (Nihon Broadcasting Corporation, la Compagnie de diffusion du Japon – sorte de Société Radio-Canada à la puissance 10), c’est l’arrivée au travail. Des centaines d’employés défilent, la fourmilière se remplit.

Je suis reçu par Shin, un jeune producteur qui m’accompagnera pendant cette journée de visites des laboratoires technologiques, hauts lieux de recherche en matière d’image et de son. Premier arrêt, l’unité de production en stéréoscopie où je visionne un film sur la ville de Tokyo aux allures trompeuses de banal document touristique. Subtilement et avec beaucoup de goût, le spectateur est invité à plonger progressivement dans la perspective stéréoscopique. Retenu au début, le film démontre un savant mélange de prouesse et de finesse. Jamais tape-à-l’œil, toujours confortable pour les yeux et pour la tête. En deuxième partie de visite : le centre de recherche en génie technologique situé dans la partie Ouest de cette ville monstre. Dès l’entrée, on est étonné par l’austérité de cet édifice récent. Omniprésents, jusque dans les ascenseurs, des écrans plats diffusent les travaux de la Diète, le parlement japonais… après tout, il s’agit bien du diffuseur public.

Ma visite se poursuit sur le mode accéléré, car il y a ici beaucoup de choses à voir et à entendre. À l’aide d’un microphone ultra sensible qui détecte la moindre vibration, j’entends pour la première fois (et probablement la dernière!) les battements du coeur d’un escargot. Pouvez-vous vous imaginer le son que produit un mille pattes qui défile sur le sable? À la NHK, on vous invite à écouter.

Dans un autre labo, nous sommes reçu par un docteur en génie électronique qui nous montre le prototype de la caméra la plus rapide au monde. Elle capte la réalité au rythme d’un million d’images par seconde. Nous avons observé ce que capte cette caméra lorsqu’elle est braquée sur l’éclatement d’un ballon en caoutchouc rempli d’eau. Étonnant de voir la peau du ballon se fracturer et se replier sur elle-même, si vite qu’elle laisse l’eau sans support, suspendue dans l’espace comme ses personnages de bandes dessinées qui ont une fraction de seconde pour se rendre compte qu’il sont sur le point de chuter dans le vide. Fascinante cette image d’un corps d’eau épousant encore la forme d’un ballon qui n’existe plus…

La télévision de l’avenir sera mince et pliable comme un feuille de papier – je l’ai vu – et la télé stéréoscopique se regardera sans lunette, chaque spectateur, dépendamment de son positionnement dans l’espace devant l’écran, vivra une expérience spatiale différente de la même émission. La caméra la plus sensible au monde capte la pénombre comme si c’était le plein soleil. Et que dire du Super High Vision? Une image vidéo projetée sur très grand écran qui offre une expérience visuelle et auditive immersive qui n’a rien à envier à Imax! Même que…

Depuis avant la Deuxième guerre mondiale, la recherche a toujours été un des piliers de cette vénérable institution. Certains projets en développement n’aboutiront pas avant une quinzaine d’années. C’est dire comment ils cultivent une vision à long terme. Et cela démontre aussi l’importance aux yeux des Japonais de l’amélioration des techniques existantes, ainsi que le plaisir qu’ils ont, comme des enfants, à imaginer l’inimaginable…

Et c’est important, de telles recherches, je peux en témoigner.

À mon avis, une culture peut se préparer à l’avenir, mais elle peut également le définir. Il faut recruter les meilleurs et leur donner des moyens. Malgré la crise, la NHK au Japon n’a pas encore abandonné la recherche appliquée. Elle prend par moments des allures de recherche fondamentale, inspirée et inspirante.

Ajouter un commentaire

Commenter