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Pleins feux sur La bête lumineuse

Pleins feux sur La bête lumineuse

Pleins feux sur La bête lumineuse

Le long métrage La bête lumineuse de Pierre Perrault n’est pas un film de chasse. Cela devient très clair dès les premières minutes du film. Répondant dans une lettre à un spectateur mécontent de son expérience cinématographique, le producteur Jacques Bobet a cru bon de préciser que « la chasse se présente plutôt comme le révélateur d’émotions contenues depuis de longues années ». Une affirmation tout à fait véridique, qui devient possible grâce aux mains habiles de Perrault.

Effectivement, le contexte, la beuverie, la chasse ou l’animal ne sont pas ce qui intéresse Perrault. Ce qui le fascine est l’humain – cet autre animal – qui est mis en scène. Même sous le cadre du documentaire, le travail de Perrault est celui d’un facilitateur de cette création. Sans lui, l’idée ou le résultat de La bête lumineuse n’aurait nullement le même impact. Avec brio, il nous démontre qu’on peut naviguer sur la grossièreté et l’excès pour y découvrir l’essence de nos sujets. Ici, la recherche de l’orignal devient vite la recherche des sentiments.

En traitant son sujet de cette manière, le génie de Perrault se manifeste. En plaçant une poignée de chasseurs et un poète-professeur de cégep (Stéphane-Albert Boulais – que j’ai eu le plaisir de côtoyer pendant mes études) dans le même campement, le choc se fait sentir très rapidement. Du dépeçage d’un lapin à un réveil matinal, en passant par les heures d’attente de la bête, tout ça n’est que secondaire par rapport à ce que Perrault souhaite trouver dans les bois de la Haute-Gatineau. Il cherche –  et trouvera –  un moment unique défilant devant ces quelques morceaux de celluloïd.

En effet, l’amour professé par Stéphane-Albert pour son ami d’enfance Bernard L’Heureux est l’une des plus belles et plus sincères scènes du cinéma réalité. Les mots et l’emplacement ne sont peut-être pas idéals, mais l’action est juste. On ressent que ce qui culmine dans le dénouement de La bête lumineuse est pur et déchirant. Bref, cette rencontre, cette échappatoire, aura ses conséquences et sera mémorable. Une expérience unique et essentielle pour tous les cinéphiles.

Présenté au prestigieux Festival de Cannes en 1983, dans la section Un certain regard, La bête lumineuse détonne dans cette sélection de films hors compétition, plus marginaux et proposant une vision hors du commun. Qu’il s’agisse de l’exotisme du Québec ou de la chasse à l’orignal, La bête lumineuse n’offre aucunement un univers spécial ou mystique. Au contraire, le film capture une pureté et une réflexion flagrante qui se distinguent radicalement des éléments plus accrocheurs – le bois, la chasse – du récit. Sans même trop creuser, il reste une exploration de l’approche de Perrault comme cinéaste marquant.

Comme dans le chef-d’œuvre Pour la suite du monde, Perrault tourne sa caméra vers les humains. Ici, la pêche au marsouin est remplacée par la chasse à l’orignal, mais le sujet reste le même. Dans une lettre de présentation au comité de programmation de l’ONF, le cinéaste explique que son film est « le grand tournoi de paroles où l’âme ne se cache pas ». Même avant d’avoir tourné une seule image, il avait déjà vent de ce qui pourrait se dérouler dans les bois à la recherche de cette bête.

La bête lumineuse, Pierre Perrault, offert par l'Office national du film du Canada

 

À lire aussi : L’œuvre de Pierre Perrault, une sélection de films de Pierre Perrault, commentée par le cinéaste Denys Desjardins.

 

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